migrants

L’immigration est un sujet toujours plus actuel en Italie et dans toute l’Europe. Le Bel Paese, étant géographiquement un « hotspot », est directement touché par les flux migratoires, ce qui devient une préoccupation pour les politiques. Depuis l’arrivée du gouvernement Meloni, de nombreuses mesures ont été mises en place pour freiner l’arrivée de ces personnes. Ainsi, l’Italie cherche-t-elle à assimiler ses migrants ou à les intégrer ?

Définition et données

Avant d’aborder ce sujet plus en détail, il est important de rappeler quelques définitions et d’avoir quelques chiffres clés en tête.

Définitions

  • Assimiler = transformer, convertir en sa propre substance. L’assimilation culturelle est la pratique qui consiste à exiger d’une personne étrangère qu’elle adopte les mêmes comportements, les mêmes coutumes et traditions que la population qui l’accueille. Appliqué au cas migratoire en Italie, cela reviendrait à traiter les migrants comme s’ils étaient Italiens, en n’acceptant pas leur différence.
  • Intégrer = faire entrer un individu dans un ensemble en tant que partie intégrante. En effet, cela consiste en l’acceptation des migrants et de leurs différences culturelles, sans vouloir les changer.

 

La différence entre intégrer et assimiler les migrants réside dans la volonté ou non d’ accepter les migrants et leurs différences culturelles sur le sol national. L’Organisation internationale pour les migrations considère que l’intégration de ces personnes est essentielle à l’efficacité de la gestion des migrations.

  • Migrant (migrante) = personne qui décide de se déplacer librement pour des raisons de « convenance personnelle » et sans l’intervention d’un facteur extérieur.
  • Réfugié (rifugiato) = personne qui a quitté son pays et trouvé refuge dans un pays tiers.
  • Demandeur d’asile (richiedente asilo) = personne qui a quitté son pays d’origine et a demandé l’asile dans un pays tiers, mais qui attend toujours une décision des autorités compétentes sur la reconnaissance de son statut de réfugié.
  • Hotspot = centre d’accueil des migrants qui a une grande capacité d’accueil en raison de la forte affluence.
  • Elemento pull factor = l’ensemble des facteurs économiques, politiques et sociaux susceptibles d’attirer les migrants vers des pays où les conditions sociales, économiques, politiques et environnementales sont plus favorables que dans les pays d’origine.

Quelques données de l’Eurostat

En août 2023, il y avait 16 950 demandes de premier accueil en Allemagne, contre 5 985 en Italie. 

Au 1er janvier 2024, l’Italie comptait cinq millions de citoyens étrangers, représentant 8,7 % de sa population totale, qui s’élève à 59 millions. En comparaison, en Allemagne, 11,4 % de la population est constituée de ressortissants étrangers. Ainsi, l’Italie se positionne au rang de cinquième pays membre de l’UE en termes de nombre de citoyens non européens demandant une protection internationale. Elle a tout de même exigé, et obtenu, que la question migratoire soit portée à la table européenne.

En 2022, les pays de l’Union européenne ont émis plus de 422 000 décisions de retour, mais moins d’un quart de ces personnes sont effectivement retournées dans leur pays d’origine.

Processus d’accueil des migrants en Italie

Comment se passe l’accueil des migrants dans le pays ?

Sauvetage, première assistance et identification

Les étrangers secourus en mer sont conduits dans des centres situés à proximité des zones de débarquement pour une première assistance médicale, une photo-identification et une pré-identification. Ici, les demandeurs d’asile sont différenciés des migrants dits économiques, qui seront envoyés dans des centres de détention pour rapatriement ou laissés en situation irrégulière sur le territoire.

Centres gouvernementaux

Les personnes qui expriment la volonté de demander l’asile en Italie sont transférées dans des centres gouvernementaux où la procédure d’examen de la demande d’asile est entamée. Le décret Cutro a supprimé les services d’assistance psychologique, les cours de langue et les services d’orientation juridique et territoriale des centres gouvernementaux. En plus de l’accueil matériel, seuls les soins de santé, l’assistance sociale et la médiation linguistico-culturelle restent donc actifs.

Centres d’accueil extraordinaires (Centri d’accoglienza straordinaria, Cas)

Les migrants y sont affectés si les places disponibles dans les centres gouvernementaux sont épuisées.

Installations d’accueil temporaire

Le décret Cutro a créé un nouveau type de Cas qui peut être activé par les préfectures en cas d’indisponibilités dans les centres gouvernementaux. Ils ne diffèrent des Cas qu’en ce qui concerne les services fournis. L’assistance sociale est exclue.

Système d’accueil et d’intégration (Sistema di accoglienza e integrazione, Sai)

L’accès est réservé à certaines catégories (ex. : mineurs non accompagnés). Il y a deux niveaux : le premier est réservé aux demandeurs d’asile, assistance médicale, juridique, sanitaire et linguistique, et le second est consacré aux titulaires d’une protection.

Soutien aux parcours d’intégration

Favoriser l’autonomie individuelle des citoyens déjà bénéficiaires du Sai, plus de formation linguistique, d’orientation professionnelle, de connaissance des droits et devoirs fondamentaux inscrits dans la Constitution.

Le nombre de personnes hébergées dans les centres d’accueil extraordinaires (Cas) a connu une augmentation. L’année 2021 a enregistré le pourcentage le plus élevé d’admissions en régime ordinaire, avec 31,6 % du total des admissions. En 2020 et 2021, une baisse des admissions dans le Système d’accueil et d’intégration (Sai) a été observée, bien que la proportion des places disponibles dans ce système ait par la suite augmenté. Par ailleurs, une diminution des admissions dans les centres gouvernementaux a été notée, attribuée à la baisse des arrivées.

L’immigration dans la politique italienne

Lampedusa

Lampedusa est une île au sud de l’Italie située entre Malte et la Tunisie. Elle est donc le point le plus proche du continent africain. En septembre 2023, cette île a reçu l’arrivée d’environ 8 000 migrants. Cependant, le hotspot de Lampedusa a une capacité maximale de 400 personnes.

En septembre 2023, elle a donc battu son record en accueillant 6 792 personnes. Les installations de l’île ne leur ont pas permis de bénéficier d’un accueil adéquat. Dans les mois précédant septembre 2023, la Croix-Rouge avait amélioré les conditions du centre en termes d’espace et de disponibilité de nourriture. Ainsi, le hotspot a été géré par la Croix-Rouge sur les instructions directes du gouvernement. Les migrants sont restés pendant des heures à attendre d’être enregistrés et transférés vers le hotspot.

Au fil des ans, le centre d’accueil des migrants n’a jamais été agrandi, à la fois parce que les habitants de l’île auraient eu du mal à accepter un centre plus grand et parce que les ministres de l’Intérieur ont souvent craint qu’un agrandissement et une amélioration du centre n’encouragent les arrivées (elemento pull factor).

Le projet de la sénatrice de Noi Moderati

Noi Moderati est un parti de centre/centre-droite. Sa sénatrice, Michaela Biancofiore, a un projet pour limiter l’afflux de migrants en Italie : construire une île artificielle dans les eaux internationales.

Ce projet est très controversé, notamment car la collaboration internationale ne sera pas au rendez-vous. En effet, l’Italie est l’un des pays qui accueille le plus de migrants, cependant ces personnes ne restent pas en Italie et ne sont en réalité que de passage.

Accord avec l’Albanie

L’accord entre l’Italie et l’Albanie stipule que les migrants secourus dans les eaux territoriales italiennes ou par les autorités italiennes soient envoyés en Albanie pour que leurs demandes d’asile y soit traitées.

Le 20 mai 2024, l’Albanie devait commencer à traiter les demandes d’asile des personnes étant arrivées en Italie. Cependant, les travaux ont pris du retard. Le coût de cette opération s’élève à 800 millions d’euros pour l’Italie. Il y aura trois structures pour accueillir les migrants en Albanie, avec une capacité totale d’accueil d’environ 3 000 personnes par structure.

Giorgia Meloni affirme que « cet accord est en train de devenir un modèle » et soutient l’idée qu’il devrait être reproduit au niveau européen. A contrario, le Conseil de l’Europe et le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme ont vivement critiqué l’accord italo-albanais.

Intégrer ou assimiler les migrants ?

D’après les faits observés, l’Italie semble, à ce jour, pencher vers une politique d’assimilation des migrants plutôt qu’une visant leur intégration.

Un exemple illustratif est la protestation de Matteo Salvini (ministre des Infrastructures et des Transports) contre l’école de Pioltello, qui envisageait de fermer ses portes le dernier jour du Ramadan, en raison de l’absence prévue de 40 % des élèves pour célébrer cette fête religieuse. Salvini a qualifié cette mesure de tentative « d’islamisation » de l’école. Le ministre de l’Éducation, Giuseppe Valditara, a appuyé cette position en rappelant qu’il serait nécessaire de limiter la proportion d’élèves étrangers dans les classes. Toutefois, la forte présence d’élèves étrangers s’explique par la baisse de natalité parmi les familles italiennes, en particulier dans le nord du pays.

Ces éléments montrent que, par leurs politiques et leurs comportements, les autorités italiennes tendent à stimuler l’assimilation des migrants, au détriment d’une intégration réelle et inclusive.

Ainsi, si l’on considère, à l’instar de l’Organisation internationale pour les migrations, que l’intégration des migrants est un élément clé pour une gestion efficace des flux migratoires, il est alors possible de conclure que l’Italie aurait intérêt à réviser sa politique migratoire afin d’en améliorer l’efficacité.

Vocabulaire

Verbes et expressions

  • Varcare la frontiera = franchir la frontière
  • Sistemarsi = s’installer
  • Inoltrare una richiesta alle autorità = présenter une requête aux autorités
  • Respingere la frontiera = refouler à la frontière
  • Rimpatriare un esule = rapatrier un exilé
  • Espellere = expulser
  • Prorogare il permesso di soggiorno = prolonger le permis de séjour
  • Lasciare il proprio paese = quitter son pays
  • Il visto turistico, d’uscita, d’entrata = le visa touristique, de sortie, d’entrée
  • Trasferirsi = déménager
  • Stabilirsi = s’établir
  • Rilasciare i documenti = délivrer les papiers
  • Rafforzare i controlli = renforcer les contrôles

 

Mots et expressions

  • Le cause dell’espatrio = les causes de l’émigration
  • I requisiti d’accesso = les conditions d’accès
  • Il ricongiungimento = le rapprochement familial
  • La lotta alle discriminazioni = la lutte contre les discriminations
  • Il diritto d’asile = le droit d’asile
  • Lo scafista = le passeur

 

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