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Avant de brosser le portrait des nouvelles routes de la soie, revenons en arrière, lorsque le projet des « routes de la soie », il y a 4 000 ans, a été lancé. Ce projet était déjà à l’époque une révolution en matière de développement, puisqu’il a initié la construction d’axes de transports pour acheminer la production venant de Chine vers l’Asie centrale et orientale, l’Europe, le bassin méditerranéen et le Pacifique. Ces axes étaient terrestres et maritimes. Ils ont alors favorisé les échanges commerciaux entre différentes régions du monde, qui n’étaient auparavant pas reliées, mais ils ont aussi permis d’initier des échanges culturels, monétaires et même religieux. Le nom « routes de la soie » vient du fait que la principale ressource commercée fût la soie. Ces routes de la soie ont peu à peu occupé une place secondaire dans le commerce mondial à mesure que l’économie et la géopolitique mondiales basculaient vers l’Ouest, notamment au moment où les Européens découvraient le Nouveau Monde et étaient en plein essor.

Mais alors, qu’appelle-t-on les « nouvelles » routes de la soie ?

La Chine, au tournant du XXIe siècle, connaît une dynamique économique incroyable. À partir des années 2010, Xi Jinping souhaite redynamiser l’économie chinoise, dont la croissance n’est alors plus autant spectaculaire qu’au début du siècle, et affirmer sa puissance dans le but de faire de la Chine la première puissance mondiale d’ici 2030.

C’est alors qu’est lancé le projet des « nouvelles routes de la soie » en 2013, ou en anglais « New Silk Roads » ou bien « One Belt, One Road », et depuis 2017 « Belt & Road Initiative » ou BRI. Ce projet a pour but de construire et de développer des infrastructures pour le transport et la logistique, dans un vaste périmètre géographique, afin de faciliter l’acheminement des marchandises que la Chine exporte ou importe.

Cela fonctionne par des « corridors de développement », allant vers l’Asie centrale, le Proche-Orient, l’Europe et l’Afrique. Le gouvernement chinois a alors multiplié les projets de construction de rails, de routes, de ponts, de tunnels, de ports, d’aéroports et transports combinés entre la terre, le rail et la mer.

Voilà les cinq corridors principaux des « Nouvelles Routes de la Soie »

  • Le corridor Chine-Mongolie-Russie
  • Le corridor de la Chine à Istanbul, à travers l’Asie centrale
  • Le corridor Chine-Pakistan : ce corridor est l’un des plus développés, il relie la Chine au port en eaux profondes de Gwadar, dans l’océan Indien
  • Le corridor de la Chine à Singapour
  • Le corridor Chine-Birmanie-Bangladesh-Inde

Comment mettre en place un projet de telle envergure ?

Pour promouvoir la construction d’infrastructures hors de son territoire, le gouvernement chinois met en place plusieurs choses. Il multiplie les signatures de partenariats avec les pays concernés, offre des facilités financières, notamment en matière de prêts.

À cet effet, Pékin a créé en 2014 une nouvelle institution financière, la Banque asiatique d’investissements pour les infrastructures (BAII), rejointe par 86 pays (dont la France). Un tel projet a un coût : le coût total d’investissement pour l’ensemble de ces projets est très difficile à estimer, mais avoisinerait les 1 000 milliards de dollars.

Quels sont les principaux objectifs des « nouvelles routes de la soie » ?

Les objectifs économiques

L’objectif de ce projet est d’abord économique. En effet, la Chine souhaite accroître ses exportations et trouver de nouveaux marchés du fait de sa capacité industrielle forte. Elle souhaite aller plus loin que son marché intérieur et développer d’autres marchés, comme l’Asie centrale, en pleine expansion.

Ces routes permettent aussi à la Chine de diversifier ses importations, notamment en matière d’énergie provenant de l’Asie centrale. En effet, Pékin souhaite sécuriser son approvisionnement énergétique afin de ne pas dépendre des pays du golfe et de la Russie.

Les objectifs politiques et stratégiques

Ces routes s’inscrivent par ailleurs dans une démarche stratégique intérieure et internationale. En effet, le développement généré par ce projet permet de relier davantage le territoire chinois et d’en assurer son intégrité. La sécurité aux frontières est également l’un des objectifs de ce projet.

Sur le plan régional, la Chine peut ainsi affirmer sa puissance et son influence, face à d’autres puissances régionales, comme la Russie par exemple.

Un tel projet comporte aussi des risques

De nombreux pays ayant pris part au projet des nouvelles routes de la soie se retrouvent dans des situations à risques liées à l’insoutenabilité de la dette. On parle de « piège de la dette chinois ».

En effet, certains pays à revenu faible ou moyen risquent de connaître à moyen terme une détérioration de la viabilité de leur dette. Ces pays se sont endettés auprès de la Chine pour construire des infrastructures et sont désormais dépendants d’elle. La Chine a alors mis la main sur des infrastructures de pays en défaut de paiement, comme c’est le cas pour le Sri Lanka, avec le port de Hambantota, qui occupe une position géographique stratégique.

À l’inverse, la Chine est aussi dans une situation à risque, puisque ses créditeurs ont des chances élevées de se retrouver en défaut de paiement et dans l’incapacité de rembourser leur prêt.

Quel bilan pouvons-nous dresser des « nouvelles routes de la soie » ?

Le 18 octobre 2023 s’est tenu à Pékin le 3e forum économique des Nouvelles Routes de la Soie, au cours duquel, dix ans après le lancement de ce projet, le gouvernement chinois en dressait le bilan. Concernant les retombées économiques du projet, pour la Chine et les pays partenaires, celles-ci ne sont pas favorables.

En effet, il existe toujours un important écart entre les annonces chinoises et la réalité. Cela s’explique par le fait que beaucoup de projets n’ont finalement pas vu le jour pour cause de diverses difficultés, comme des problèmes techniques ou financiers, mais aussi car le contexte mondial général a changé entre le lancement en 2013 et aujourd’hui, après la pandémie en particulier. La crise sanitaire a en effet affaibli la croissance de la Chine, autrefois à deux chiffres et maintenant entre 4 et 5 %, ce qui réduit considérablement les investissements dans ce projet.

De plus, à travers les Nouvelles Routes, le pays est devenu le premier créancier des pays en développement, avec 254 milliards de dollars d’engagements. Ce qui l’expose particulièrement aux défauts de paiement, puisque ces pays n’ont souvent pas les moyens de rembourser leur dette, du moins à court et moyen terme.

 

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