Avec le décès d’Alexeï Navalny, l’opposition en Russie est aujourd’hui en grande difficulté, soumise à une répression croissante par le régime de Vladimir Poutine.
Retour historique sur l’opposition en Russie
L’ère tsariste
Les débuts de l’opposition au régime en Russie remontent à l’ère de l’Empire russe où, déjà, se cultivait une culture allant à l’encontre du pouvoir en place. Cette opposition prenait racine dans les grandes inégalités économiques, politiques et sociales qu’entretenait le régime impérial. Le XXe siècle est une illustration de ces revendications précoces, notamment au travers de deux grands événements : la révolution de 1905 et la guerre civile entre les Blancs et les Rouges de 1917.
- La révolution de 1905. Celle-ci a pour origine la grève d’ouvriers à Saint-Pétersbourg en janvier 1905, menée par le prêtre Gapone, qui les encourage à soumettre au tsar Nicolas II une pétition afin d’améliorer leurs conditions de vie. Cette dernière est durement réprimée par la police. De nouvelles grèves éclatent en août puis en octobre. De nouveaux partis politiques émergent et un Premier ministre issu du Parti démocrate constitutionnel est élu, Stolypine.
- La guerre civile de 1917. Après les révolutions de février et d’octobre 1917, les bolcheviks sous le commandement de Lénine prennent le pouvoir. Néanmoins, la guerre éclate entre les partisans du rétablissement de la monarchie et ceux d’une république parlementaire. À l’issue de nombreux combats, ce sont les Rouges qui l’emportent et l’URSS est fondée en 1922.
En URSS, une opposition réprimée
En URSS se développe un État totalitaire, sous l’égide de Lénine. Dès lors, toute opposition est sévèrement réprimée, avec l’aide de la police politique, la Tchéka, qui devient par la suite le GPU puis le NKVD. Son rôle est de contrôler la population et de gérer les goulags.
- Opposition politique : toute forme d’opposition politique est évidemment proscrite en URSS. L’État fonctionne sous le joug d’un parti unique, le Parti communiste, dont les membres mêmes ne sont pas à l’abri d’être arrêtés pour avoir des idées divergentes.
Exemple : Léon Trotski est un militant de la première heure du bolchevisme. Principal acteur avec Lénine de la révolution d’Octobre, il devient un des membres les plus importants de l’Internationale communiste et participe à la naissance de l’URSS. À la mort de Lénine en 1924, il reproche à Staline la bureaucratisation du parti et forme avec d’autres camarades l’Opposition de gauche. Banni en 1929 de l’URSS, il meurt assassiné par un agent de Staline en 1940 à Mexico.
Si l’exil ou la mort est le plus souvent le sort réservé aux opposants politiques, certains sont aussi envoyés en prison dans les camps de travail (goulags), situés dans les régions reculées de la Russie.
- De nouvelles formes d’opposition : on voit émerger au travers de l’art des formes d’opposition au régime politique en place. La littérature clandestine joue une grande part dans la diffusion d’idées alternatives, mais aussi permet de contrer la censure. Il s’agit du samizdat ( de cam – soi-même, et изда́ть – publier).
Une opposition en Russie toujours présente, mais en danger
La chute de l’URSS et le développement démocratique
Déjà, sous la présidence de Mikhaïl Gorbatchev, un effort considérable avait été entrepris avec sa politique de glasnost (transparence, en russe). Le peuple bénéficie désormais de la liberté d’expression et la presse libre est mise en place.
L’effondrement de l’URSS en 1991 laisse la Russie dans un état d’instabilité politique et économique, mais une démocratie est rapidement mise en place avec une pluralité politique. Boris Eltsine est élu en 1991 puis en 1996.
Le tournant des années 2000 et la situation actuelle
L’élection de Vladimir Poutine en 2000 semble n’être au début qu’une alternance démocratique. Néanmoins, au fil de ses réélections, ce dernier resserre sa mainmise sur le pouvoir, jusqu’à construire un climat hostile à son opposition en Russie.
- Figures de l’opposition. Le principal opposant qui avait émergé en Russie était Alexeï Navalny, décédé en février 2024 en prison. Son combat contre la corruption et pour une Russie démocratique avait fait de lui une cible pour le régime, menant à son empoisonnement par les services secrets en 2020. Ses funérailles qui se sont déroulées à Moscou le 1er mars ont rassemblé une foule de plusieurs milliers de personnes. Une autre figure de l’opposition au pouvoir russe est le prix Nobel de la paix 2022, Dmitri Muratov, rédacteur du journal Novaya Gazeta. Fervent dénonciateur des violations contre les droits de l’homme et de la corruption, il s’oppose de même à la guerre en Ukraine, en mettant aux enchères sa médaille de Nobel au profit du fonds UNICEF pour les enfants déplacés par le conflit.
- Organisations et médias. La liberté de presse et d’association est aujourd’hui menacée en Russie. À titre d’exemple, on peut citer tout d’abord l’association Memorial. Cette dernière fut créée en 1989 par le chimiste Andreï Sakharov afin de conserver la mémoire des victimes de la répression soviétique, au travers d’archives et de recherches. Elle est dissoute en 2021 sous décision de la Cour suprême russe et reçoit en 2022 le prix Nobel de la paix. Concernant les journaux d’opposition, ils ont principalement été dissous ou exercent aujourd’hui leur activité à l’étranger, comme le journal Meduza, basé en Lettonie et fondé en 2015 par Galina Timchenko.
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