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Entre prestige sportif et implications politiques, nous te proposons d’observer l’étroite symbiose entre la Russie et le sport dans cet article.

Le sport, un héritage historique

Un outil de propagande

Alors que l’URSS émerge en 1922, elle le fait en s’appuyant sur l’idéologie communiste et celle de la création d’un « homme nouveau ». Cette doctrine entraîne une valorisation d’une culture physique. Le sportif est vu comme un symbole non seulement de force physique, mais aussi des valeurs que prône l’URSS parmi lesquelles l’importance du collectif ou encore la fierté nationale.

Le sport est alors encouragé pour toute la population, tandis que les sports individuels sont proscrits. L’État soviétique soutient cet effort de diffusion de la culture sportive en créant notamment des organisations sportives et en investissant dans la recherche, pour améliorer les compétences de ses athlètes. Des défilés sportifs sont organisés dans les grandes villes pour galvaniser l’esprit du peuple.

Quelques grands événements sportifs de la guerre froide

Si le sport permet au régime soviétique de créer un socle commun pour la nation, il est surtout un élément pour permettre d’amener la compétition géopolitique sur un terrain plus neutre qu’un champ de bataille. On peut donc noter ces quelques événements notoires autour du sport :

  • La première participation de l’URSS aux JO date de 1952 à Helsinki. Elle finit deuxième au classement général, derrière les États-Unis. À partir de 1968, l’URSS dominera les JO jusqu’aux Jeux de Séoul en 1988, permettant de souligner l’efficacité de son système.
  • JO de 1972 : l’URSS remporte la finale de basket-ball face aux Américains, une humiliation telle qu’ils refuseront la médaille d’argent.
  • JO de 1956 : après l’entrée des chars soviétiques à Budapest pour réprimer l’insurrection, l’équipe soviétique affronte l’équipe hongroise lors d’un match de water-polo. Celui-ci se finit en bain de sang.
  • JO de Moscou de 1980 et JO de Los Angeles de 1984 : ces deux éditions sont boycottées d’une part par les États-Unis, et de l’autre par l’URSS. Cela montre que le sport joue un rôle primordial dans l’affrontement idéologique entre les deux superpuissances.

Le sport, un enjeu géopolitique pour la Russie

Avec la guerre en Ukraine, la Russie se retrouve en position délicate

Les conséquences de la guerre en Ukraine ne s’étendent pas seulement au domaine économique ou politique pour la Russie, mais touchent aussi le domaine culturel, notamment celui du sport.

Tout d’abord, au niveau de sa participation aux compétitions internationales. Si la Russie était déjà sanctionnée, pour cause de dopage lors des Jeux olympiques de Sotchi en 2014, la guerre en Ukraine n’a fait qu’empirer la situation pour les athlètes russes. Ainsi, beaucoup de fédérations sportives ont décidé d’exclure les athlètes russes et biélorusses des compétitions, comme celle d’athlétisme, tandis que d’autres ont décidé de les faire concourir sous bannière neutre, comme celles d’escrime ou de tennis.

La réelle question s’est posée pour les Jeux olympiques de Paris en 2024 de faire concourir ou non les sportifs russes et biélorusses. Il a été décidé par le Comité international olympique (CIO) de laisser le choix aux fédérations sportives d’intégrer ou non ces derniers, et par conséquent d’accepter ou non leur participation à la prochaine édition olympique. Les conditions sont néanmoins très strictes. Les athlètes ne doivent avoir aucun lien avec l’armée ni avoir exprimé un quelconque soutien à la guerre en Ukraine. La participation se fera de manière individuelle, sous bannière neutre.

Aujourd’hui, de nombreux athlètes russes décident de changer de nationalité pour avoir une chance de concourir aux JO de Paris.

La Russie reste une grande puissance sportive à l’international

Alors que la Russie est exclue de la plupart des compétitions internationales, elle cherche désormais à instaurer elle-même ses propres compétitions sportives, pour faire concurrence à celles auxquelles elle ne peut participer. Cet effort a été perçu par exemple lors du sommet Russie-Afrique, avec un tournoi amical avec les équipes du Nigeria, du Mali, du Ghana et du Cameroun.

La Russie se prépare de même à accueillir les Jeux mondiaux de l’amitié en septembre 2024 et réfléchirait, au travers du ministère des Sports, à organiser les Jeux des BRICS.