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Grand incontournable de la civilisation italienne, le sujet de la mafia doit être maîtrisé sur le bout des doigts par tout élève étudiant l’italien. Mais il n’est pas toujours facile d’en parler à l’écrit ou à l’oral sans tomber dans les clichés traditionnels. C’est pourquoi tu trouveras dans cet article un exemple de l’influence de la mafia sur le territoire italien : le cas de la Terra dei fuochi.

Qu’est-ce que le scandale de la Terra dei fuochi ?

C’est l’association Legambiente qui a popularisé le terme de Terra dei fuochi dans son rapport Ecomafie de 2003. Ce dernier tirait déjà la sonnette d’alarme concernant le lien étroit entre désastres environnementaux et mafia.

Le scandale de la « Terre des feux » permet alors d’évoquer l’impact de la mafia, la Camorra, à l’échelle locale. Plus que des rivalités et des affrontements entre clans, la Camorra sévit aussi à l’échelle des municipalités d’une manière encore trop méconnue du grand public. En effet, un véritable système criminel s’est organisé autour de la gestion des déchets toxiques, empoisonnant massivement les terres et les populations locales.

La Camorra règne en maître sur cette région, où elle détient le monopole de la collecte des déchets et exerce un contrôle sur de nombreuses décharges qui ferment progressivement leurs portes. En conséquence, les déchets sont soit illégalement enfouis dans le sol, soit expédiés vers des décharges en Roumanie. D’ailleurs, chaque jour, des petits feux brûlent à travers les provinces de Napoli et de Caserta, et surtout à Giugliano, Qualiano et Villaricca.

Un scandale d’ampleur mis en lumière par Roberto Saviano

Dans son ouvrage Gomorra, Roberto Saviano lève le voile sur les multiples activités criminelles de la Camorra. Notamment sur celle de la « Terre des feux », ce territoire napolitain parsemé de décharges illégales. Les clans y gèrent l’élimination des déchets en les empilant et en les brûlant, polluant ainsi l’air et le sol avec de la fumée noire. Si tu veux maîtriser davantage de références sur la mafia en Italie, je te recommande cet article.

Preuve du caractère incontrôlé du phénomène, les déchets dangereux y augmenteraient de 30 % chaque année. Plus encore, selon l’association écologiste Legambiente, entre 1991 et 2013, près de 10 millions de tonnes ont été illégalement enfouies ou incinérées. 

Le risque sanitaire et environnemental est réel. Les récoltes sont véritablement polluées et l’incidence des tumeurs et des problèmes de thyroïde a énormément augmenté.

Une lutte bien difficile à mener

Véritable fléau pour la région de Campanie, le problème mobilise la population locale lors de manifestations. Une des plus connues fut celle de novembre 2013 durant laquelle des dizaines de milliers de personnes à Naples ont dénoncé ce désastre environnemental. Ce dernier était désigné par le ministre de la Cohésion des territoires de l’époque, Carlo Trigilia, comme « le symbole de tout ce qui ne va pas au Sud ».

Néanmoins, lutter contre ce trafic est loin d’être une mince affaire. La Camorra a si bien réussi à pénétrer le secteur de la gestion des déchets en Italie qu’elle est devenue un acteur économique parfaitement légitime. De plus, c’est un trafic high profit/low risk selon Europol, en raison de la faible ampleur des peines des crimes contre l’environnement.

Même si l’État italien a lancé un plan de lutte en 2021, cet exemple de la Terre des feux permet néanmoins de réfléchir sur la faiblesse de l’État face aux organisations criminelles.

Pour plus d’informations théoriques sur les mafias, cet article te sera utile !