Que ce soit dans l’épreuve ELVI ou celle d’Ecricome, certains thèmes reviennent régulièrement. De fait, nous te proposons dans cet article une base solide et complète afin de pouvoir affronter ces sujets. Nous étudierons le Made in Italy, la famille, les droits des femmes, l’immigration et la mafia. Nous ajouterons également l’intelligence artificielle, qui risque de tomber dans les années à venir.
Le Made in Italy
Le Made in Italy est né dans les années 1960 durant la période du Boom Economico (1958-1963), qui équivaut aux Trente Glorieuses françaises, et devient un brand phare de l’Italie dans les années 1980. Il est caractérisé comme la qualité et le savoir-faire (il know-how) italien.
En effet, l’industrie du Made in Italy privilégie la qualité à la quantité afin d’atteindre un clientèle désirant du luxe. Cela est notamment visible dans les 4A italiens, des secteurs composés d’entreprises de luxe. Les industries de la mode (abbigliamento) et de l’ameublement (arredamento) ont contribué à construire la puissance de la marque Made in Italy dans le monde. Ils comptent 9 % de la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière, 460 000 travailleurs et une valeur moyenne des exportations sur chiffre d’affaires supérieure à 40 % du chiffre d’affaires.
La famille (la famiglia)
La famille est un noyau social composé de plusieurs personnes liées entre elles par des liens de parenté. En plus de permettre la reproduction, elle permet aussi la reproduction socioculturelle, car c’est dans la famille que se transmettent les valeurs et c’est avec la famille qu’on a la première relation sociale.
En Italie, le sens de la famille est très important. Si nous devions caricaturer la famille italienne typique, elle serait composée de la mère, qui souvent reste au foyer pour s’occuper des enfants, des grands-parents, habitant sous son toit, et du père, qui travaille pour nourrir la famille. Ce modèle familial traditionnel et patriarcal tend à disparaître petit à petit, notamment avec la volonté des femmes d’avoir une carrière professionnelle.
Parmi les évolutions familiales, nous en retenons quatre principales. Premièrement, la composition de la famille change. Elle n’est plus obligatoirement composée d’un couple hétérosexuel. Deuxièmement, certains couples ne désirent pas avoir d’enfants ou préfèrent les avoir sur le tard, notamment pour profiter de leur carrière professionnelle. Troisièmement, l’observatoire Eurispes montre que les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses, notamment après les divorces. Enfin, le taux de fécondité italien (1,24 enfant par femme en 2022) est tombé en dessous du niveau qui garantit le remplacement par les générations précédentes.
Parmi les facteurs, nous retenons l’augmentation de l’âge du mariage, des séparations, de l’âge au moment d’avoir le premier enfant, ou bien la diminution du désir d’avoir un enfant pour privilégier la carrière professionnelle, ou le travail précaire qui rend la parentalité plus difficile.
Le système italien est souvent suspecté de pratiquer du népotisme, c’est-à-dire la tendance, de la part des détenteurs d’autorité ou de pouvoirs particuliers, à favoriser leurs proches en raison de leur lien de parenté et indépendamment de leurs capacités et compétences réelles. Ainsi, les liens familiaux sont très importants dans ce type de pratiques.
Les droits des femmes
Les conditions des femmes sur le marché du travail
L’Inspection nationale du travail rapporte que près de 38 000 nouvelles mères ont été contraintes de quitter leur emploi en 2019 en raison de l’impossibilité de concilier vie professionnelle et vie familiale. Seule une femme sur quatre parvient à occuper un poste de direction. Les causes peuvent être attribuées aux stéréotypes de genre, qui affectent encore l’éducation. Nous entendons souvent des phrases comme : « Les femmes sont plus adaptées aux sciences humaines, en raison de leur sensibilité, et moins aux sciences. »
Les données de l’Istat, l’Institut national de la statistique (Istituto Nazionale di Statistica), révèlent que, dans les familles où les deux parents travaillent, c’est la femme qui passe la majeure partie de son temps à s’occuper de la maison et des enfants, tandis que le père est généralement très absent.
Les violences faites aux femmes
L’année 2023 a été marquée par de nombreux féminicides (120) en Italie. Dans 64 cas sur 120, c’est-à-dire plus de la moitié, le meurtrier était le mari, le petit ami, le partenaire ou l’ex-partenaire. Ainsi, dans 1/4 des cas, les meurtres de ces femmes ont lieu dans le cadre de la relation parents/enfants. Environ 32 % des femmes déclarent en avoir été victimes, sachant que de nombreux incidents ne sont pas signalés.
Un peu moins de 12 500 000 femmes (50,9 %) âgées de 18 à 84 ans ont déclaré avoir été victimes au moins une fois dans leur vie d’épisodes de violence psychologique et/ou physique, mais seulement 5 % ont signalé l’incident. Ces actes sont majoritairement perpétrés par des connaissances/amis (34,2 %), par des membres de la famille vivant ensemble (25,4 %) et par le partenaire (25,1 %).
Un féminicide qui a particulièrement marqué l’Italie en 2023 est celui de Giulia Cecchettin, en raison du fait qu’elle et son compagnon incarnaient l’image du jeune couple ordinaire. Le 11 novembre 2023, Giulia Cecchettin, 22 ans, a été tuée par son ex-petit ami, Filippo Turetta. Elle était censée obtenir son diplôme d’ingénieure biomédicale la semaine suivante. Le jeune homme a été décrit comme un bon garçon classique qui, cependant, ne supportait pas le fait que son ancienne compagne obtienne son diplôme avant lui. De fait, il l’a tuée en la poignardant et a pris la fuite. Filippo Turetta a été jugé le 25 novembre 2024 et a été condamné à la prison à perpétuité. Giulia Cecchettin est la 106e victime de féminicide de l’année 2023.
Ce meurtre a généré de nombreuses réactions, notamment celles de la sœur de Giulia, Elena Cecchettin, qui dénonce la responsabilité de la société dans la création de ce qu’elle appelle « des enfants sains du patriarcat et de la culture du viol » (figli sani del patriarcato e della cultura dello stupro).
Pour approfondir tes connaissances sur ce sujet, je t’invite à lire l’article sur la condition des femmes sous Meloni.
L’immigration
L’Italie est située au cœur des routes migratoires en Europe, elle peut être qualifiée de hotspot. Par conséquent, elle fait face à une forte pression migratoire. Cela crée de nombreuses réticences, notamment depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement Meloni, qui a multiplié les mesures pour limiter les flux.
Avec cinq millions de citoyens étrangers, représentant 8,7 % de sa population, l’Italie se place à la 5e position parmi les pays européens qui accueillent des demandeurs d’asile. Le pays accueillant le plus de migrants est l’Allemagne, avec 16 950 demandes d’asile, ce qui montre que les migrants sont seulement « de passage » par l’Italie.
Le processus d’accueil des migrants en Italie passe par divers centres. Toutefois, les services d’intégration ont été réduits par des réformes récentes, comme le Decreto Cutro en 2021, privilégiant une approche minimaliste. Parallèlement, le gouvernement cherche à agir en établissant des initiatives, telles que l’accord avec l’Albanie, qui prévoit le transfert des migrants arrivant en Italie vers ce pays, dans le but de limiter le phénomène migratoire.
Un débat peut être posé entre deux approches : l’intégration, qui accepte les différences culturelles des migrants, et l’assimilation, qui vise à les faire adopter les coutumes locales.
La mafia
Le sujet de la mafia est très vaste et mériterait un article à lui tout seul ! Ici, on te donne les grands axes qui pourront être approfondis.
Les différentes mafias italiennes
Nous retenons trois mafias principales en Italie qui pratiquent toutes le trafic de drogue, le blanchiment d’argent, l’infiltration économique, la gestion des votes et les crimes violents.
Cosa Nostra
Cosa Nostra, surnommée « la pieuvre » (la piovra) pour son réseau tentaculaire, est née au XIXe siècle en Sicile (Sicilia). Elle s’est étendue en Amérique entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, avec l’arrivée d’immigrants siciliens, et s’est implantée dans les grandes villes, comme New York, grâce à la Prohibition (1920-1933), qui a encouragé le trafic d’alcool.
C’est une organisation criminelle qui exerce différentes activités illégales et qui pratique particulièrement l’extorsion, avec il pizzo, un système de racket imposé aux entreprises locales. Suite à l’avancée de la lutte contre la mafia de Giovanni Falcone et de Paolo Borsellino, Cosa Nostra a fait l’objet d’un grand procès en Italie : il Maxiprocesso (1986-1987).
‘Ndrangheta
La ‘Ndrangheta est née au XIXe siècle en Calabre (Calabria). Elle est aujourd’hui l’une des mafias les plus puissantes du monde. Son influence s’étend à l’échelle mondiale, tout en conservant de fortes racines en Calabre. La ‘Ndrangheta est spécialisée dans le contrôle territorial à travers l’omertà, l’imposition d’un système de peur et de silence dans les régions où elle est présente.
Camorra
La Camorra est née en Campanie (Campania) au XVIe siècle. Contrairement aux autres mafias, elle a une structure décentralisée et est composée de clans indépendants, ce qui lui permet d’être plus flexible. Son influence s’étend donc au-delà de Naples. La Camorra pratique les activités illégales « classiques », et plus particulièrement la gestion illégale des déchets et la contrefaçon.
Les évolutions de la mafia italienne
Puisque la mafia s’insère de partout, les formes d’activités illégales changent avec le temps. Par exemple, avec la venue des cryptomonnaies et le e-commerce, la mafia peut recycler son argent sans subir de contrôle.
De plus, la mafia s’est infiltrée dans les activités légales, comme l’investissement immobilier, la restauration ou bien la gestion du recyclage des déchets. L’economafia exerce le trafic illicite de déchets, le trafic d’animaux exotiques, le pillage de biens archéologiques et l’élimination de déchets. L’agromafia, quant à elle, correspond à la mafia qui s’est infiltrée dans l’industrie agroalimentaire et dans la gestion des restaurants. Par exemple, dans la production de la mozzarella di bufala, une ferme d’élevage de buffles sur deux appartient à la mafia et, aujourd’hui, au moins 5 000 restaurants sont gérés par des réseaux mafieux.
Les organisations antimafia
La lutte contre la mafia s’intensifie dans les années 1970, avec l’engagement des juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino contre Cosa Nostra. Le « pool antimafia », une équipe de magistrats contre le crime organisé formée par Falcone, Borsellino et les juges Di Lello Finuoli et Guarnotta, est fondé au début des années 1980.
L’arrestation de Tommaso Buscetta (membre de Cosa Nostra) marque un tournant historique dans la lutte contre la mafia, car celui-ci décide de devenir un collaborateur de la Justice et décrit en détail la structure de la mafia. Il Maxiprocesso, le procès contre Cosa Nostra comptant 475 accusés, a permis d’abattre une bonne partie de cette organisation mafieuse, qui ne sera plus jamais aussi puissante qu’avant.
Il existe de nouvelles organisations qui luttent contre la mafia, comme Addiopizzo, une association fondée en 2004 à Palerme, qui se bat contre il pizzo, encourage les commerçants à refuser de le payer et les aide à se protéger des représailles.
Pour en apprendre plus sur la mafia, je t’invite à lire cet article. Si tu souhaites approfondir ton vocabulaire sur ce sujet, cet article te sera utile.
L’intelligence artificielle (intelligenza artificiale)
Il existe un large consensus sur le fait que l’intelligence artificielle (IA) représentera un changement historique capable de révolutionner notre façon de vivre et de travailler.
Selon une étude de l’Université de Trente (Trento), 7,12 millions de travailleurs seront menacés de remplacement technologique dans les 15 prochaines années. Le rapport Confartigianato, quant à lui, affirme qu’en Italie, le pourcentage de personnes employées les plus exposées aux pertes d’emploi est de 36,2 %, alors que le pourcentage européen est de 39,5 %. L’IA mettra en danger 8,4 millions d’Italiens.
Il existe donc deux opinions : les pessimistes, qui soutiennent l’idée que l’IA est un risque pour l’humanité, et les optimistes, qui pensent que l’IA peut être une opportunité d’améliorer et d’élargir nos connaissances technologiques.
Selon une étude de l’Organisation internationale du travail, l’IA générative est plus susceptible de créer des emplois que d’en supprimer. Une étude de l’Agence des Nations unies révèle que la plupart des industries ne sont que partiellement exposées à l’automatisation et sont plus susceptibles d’être complétées plutôt que remplacées par une IA générative comme GPT et Bard.
Les métiers avec l’exposition la plus importante sont ceux qui requièrent un travail de bureau et administratif, avec 1/4 des emplois considérés comme fortement exposés. Sachant qu’il y a une surreprésentation des femmes dans les travaux de bureau, celles-ci sont plus concernées que les hommes par l’automation.
En 2022, la Lombardie est arrivée en tête parmi les régions italiennes étant les plus exposées à l’intelligence artificielle, avec 35,2 % des salariés embauchés menacés. Par ailleurs, l’expansion de l’IA a touché 22,2 % des travailleurs embauchés, cette même année, par les petites entreprises. Enfin, 6,9 % des petites entreprises italiennes utilisent des robots, un chiffre supérieur à la moyenne européenne de 4,6 %.
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