dissertation lettres AL

La composition de lettres est sinon l’épreuve phare de la prépa littéraire A/L, du moins celle qui est bien souvent sous le feu des projecteurs des préparationnaires. Si elle peut paraître impressionnante, elle consiste pourtant en un exercice relativement scolaire et codé. Tu trouveras donc dans la suite de cet article des conseils méthodologiques pour réussir tes compositions de lettres !

 

Principe

Dotée d’un coefficient supérieur à celui des autres épreuves au concours de la BEL (Banque d’Épreuves Littéraires), la dissertation de lettres est très importante. En effet, la BEL lui attribue un coefficient 2, tout comme pour l’épreuve de spécialité, au lieu d’un coefficient 1 pour les autres épreuves. Celle-ci dure six heures au concours des ENS et cinq heures pour le concours de la BCE. Les modalités et attendus sont identiques dans les deux concours. Il s’agit donc de bien les maîtriser pour réaliser une copie qui saura satisfaire les exigences de cette épreuve.

Pour bien commencer, il est essentiel de savoir à quoi s’attendre. L’exercice de la dissertation est très normé. En premier lieu, ton devoir doit être bien proportionné. Entre une et deux pages pour l’introduction, trois parties de longueurs égales, un page de conclusion, voilà dans les grandes lignes les premiers ingrédients que tu devras utiliser.

 

Travail au brouillon

Analyse du sujet

Cette étape est cruciale dans l’élaboration de ton devoir. Elle va déterminer l’orientation de ton propos et c’est ce temps que tu consacreras qui va guider la suite de ta dissertation. Il ne faut donc surtout pas la négliger mais bien exploiter le temps qui doit y être consacré. Pour ce faire, le point de départ est la lecture de la citation. Prend le temps de relire le sujet plusieurs fois afin de bien saisir tous les éléments à prendre en compte.

L’analyse du sujet de la dissertation consiste en un premier temps à concentrer ta réflexion sur l’ensemble des termes du sujet. Un bon moyen de réaliser cette étape de façon optimale est de te constituer une liste des termes pris indépendamment les uns des autres. Tu y noteras au fur et à mesure leur définition, si possible leur étymologie, et les synonymes éventuels que tu pourras utiliser dans ton développement pour éviter les répétitions.

La première étape d’analyse, qui se retrouvera plus tard dans ton introduction, doit être neutre. C’est une explicitation du propos de l’auteur, une mise en lumière du sens premier de la citation. On peut décrire cette phase comme une reformulation de ce que ce dernier a voulu dire sans rien ajouter, ni référence ni connaissance annexe et supplémentaire.

Pour faire simple, il faut « décortiquer » le sujet, presque mot à mot. Il te faut en étudier les structures grammaticales significatives et les formules les plus marquantes, qui participent au sens général et à la portée du propos à étudier. Ce travail, qui peut paraître fastidieux ou scolaire, est pourtant essentiel : il permet de saisir la complexité du sujet et les éventuels pièges à éviter, ne pas tomber dans des généralités en t’appropriant la citation.

Mise par écrit des idées

Ensuite, une fois posés les premiers jalons de cette étude, tu peux commencer à noter quelques grandes idées qui te viennent à l’esprit. L’important dans ce temps d’élaboration de ton brouillon est d’absolument tout noter : qu’il s’agisse d’un nom, d’une date, d’une œuvre, n’attend pas avant d’inscrire les éléments qui traversent ton esprit. En effet, avec le stress et l’état de concentration dans lequel tu es plongé, tes pensées se succèdent rapidement, surtout au début de la composition. Il s’agit donc de ne pas laisser filer des éléments en te disant « je le noterai plus tard ». Tu auras le temps de réorganiser tes notes à la fin, mais retrouver ce à quoi tu as pensé une heure auparavant est plus difficile et te fera perdre davantage de temps.

Ainsi, dans la mesure où un brouillon n’a pas vocation à être une parfaite œuvre d’art, n’hésite pas à jeter tes idées au fil de l’eau, sans forcément les classer. Un bon moyen de s’y retrouver plus tard est l’utilisation de surligneurs : telle couleur correspondra au premier paragraphe de ta première partie et ainsi de suite par exemple. Cela te permettra de te repérer rapidement parmi tes notes, de classer tes idées et, en bonus, de les égayer !

Une astuce très efficace dans la rédaction de ton devoir est d’employer les mots de la citation, et de ne pas hésiter à reprendre des morceaux de phrases pour bien montrer à ton correcteur que tu traites le sujet qui t’es donné et que tu n’utilises pas ce dernier comme prétexte pour réciter ton cours. N’oublie pas enfin de toujours faire le lien entre les axes et œuvres au programme, critère essentiel d’une dissertation de préparationnaire A/L. Ainsi, tu pourras consulter à titre indicatif l’historique par année de ces derniers juste ici.

La problématisation

Les sujets qui sont proposés aux concours en lettres affirment souvent une position unilatérale. Deux cas de figure peuvent se produire. Tu pourras être confronté à une affirmation binaire, qui pourras te fournir directement des éléments de tensions qui te guideront vers l’élaboration de ta problématique. Sinon, il s’agira d’un sujet qui nécessitera que tu appuies et illustres l’affirmation de l’auteur puis dans un deuxième temps que tu contrecarre cette affirmation en soulignant les limites de cette analyse, toujours en utilisant des exemples issus du corpus au programme. Il s’agit donc de faire affleurer puis émerger une tension, un problème découlant d’une contradiction.

Les citations et références, clés de voûte de tout bon devoir

Si tu n’es pas adepte des citations dans tes copies, sache pourtant que ces dernières constituent le fondement de tout bon devoir. Un article à part entière destiné aux élèves de prépa A/L leur est dédié, auquel tu peux accéder en cliquant ici.

Outre la structure de ton devoir, tu seras évalué(e) sur la pertinence de ta réflexion. Tu pourras la souligner par des références personnelles et originales. De manière générale, privilégie en premier lieu les références tirées du corpus du programme. En effet, les sujets sont élaborés de telle façon à ce qu’ils puissent te permettre de convoquer chaque œuvre, que ce soit pour étayer l’argumentaire du sujet ou pour le contredire.

Par conséquent, tu devras employer autant que possible et à bon escient le corpus d’œuvres établi par la BEL pour les lettres. D’une manière générale, n’oublie pas la règle des 70 % d’exemples issus de ce corpus et de 30 % issus de lectures annexes est à privilégier.

 

La rédaction

L’introduction

L’introduction doit reprendre les éléments initiaux de ton analyse faite au brouillon. Elle consiste à expliquer au lecteur / correcteur le sujet. L’introduction doit se dérouler comme suit : accroche (valorisée si pertinente mais pas indispensable), présentation de l’ouvrage dont est tirée la citation, écriture de la citation en entier, puis analyse des termes les plus importants, conduite du propos vers l’affleurement d’une tension (ou contradiction), énonciation de la problématique et annonce du plan.

La problématique doit strictement se limiter à l’énonciation d’une ou de deux questions (voire trois au maximum). Elle ne doit pas excéder ce nombre, au risque de diriger ton propos vers des méandres obscurs qui rendront ton propos dilué, évasif et peu clair.

Le développement

Il te sera difficile d’échapper au sacro-saint « Trois parties / trois sous-parties » requis pour la dissertation littéraire en A/L. Ce format te permet en effet dans une première partie d’étayer et aller dans le sens de l’auteur de la citation qui t’a été proposée. Dans un deuxième temps, tu devras consacrer ton analyse à la réfutation de ce propos, en contrecarrant l’opinion présentée, en en soulignant les limites et les faiblesses. Tu pourras l’illustrer notamment avec des contre-exemples. Enfin, le troisième moment de ton développement sera dédié à un « dépassement » du sujet, à une sorte de synthèse qui propose d’autres paradigmes qu’une simple dualité qu’un jugement simpliste pourrait résumer par un vague « d’accord / pas d’accord ».

Dès lors, chaque paragraphe de chaque partie devra être consacré à une idée dominante. Celui-ci débutera par l’exposé de la thèse, c’est-à-dire la présentation de ton argument. Puis celui-ci sera suivi par une illustration de cette dernière par un exemple. Une citation (dans l’idéal, une citation d’un texte du corpus et une citation critique d’un auteur spécialiste du thème abordé) devra compléter ton propos en introduisant une référence à un spécialiste. Ces trois premiers éléments seront suivis d’une explication et d’une justification du lien entre la ou les citations employées avec la thèse défendue et surtout avec le sujet proposé.

Ensuite, tout en notant tes arguments et références, essaie de revenir régulièrement à la citation que tu étudies afin d’éviter le hors-sujet. Au fur et à mesure de ta rédaction, pense à relire fréquemment le sujet pour tourner ton propos tout entier vers la réponse au sujet. En ce qui concerne les transitions, celles-ci sont indispensables entre la fin d’une partie et le début d’une autre. Elles sont délimitées visuellement en ce qu’elles doivent être séparées typographiquement du corps de tes parties. Tout comme le début de tes paragraphes, elles débutent par un saut de ligne puis par un alinéa. Elles sont essentielles et ont pour fonction de résumer en une phrase l’idée générale de la partie précédente et conduire subtilement ta réflexion vers la partie suivante.

La conclusion

Elle doit résumer succinctement et fidèlement ton développement. Ce n’est pas un moyen de rajouter des éléments que tu aurais oubliés dans tes axes, mais plutôt celui de reprendre les idées principales que tu as énoncées. Pour la clore, l’ouverture, qui doit être judicieuse et appropriée, peut être effectuée à l’aide d’une citation. Si tu n’en trouves pas qui soit véritablement adéquate, tu peux évoquer le contexte littéraire de l’extrait proposé. Pour ce faire, évite d’employer des généralités qui nuiraient à ton travail, mais essaie plutôt de construire un propos qui fasse le lien avec un courant, une période…

Dans tous les cas, ne réfléchis pas à ta conclusion dans les dernières minutes de ton devoir, après six heures de composition ! Dans l’idéal, tu peux la rédiger préalablement après avoir fini ton brouillon et après avoir écrit ton introduction. En effet, tu auras l’esprit frais et dispos et cela t’éviteras de rédiger à la hâte le dernier paragraphe qu’il sera donné à lire à ton correcteur.

Pour finir, nous t’invitons à consulter les rapports des jurys des Écoles normales supérieures qui viennent de paraître pour la session 2020. Celui qui concerne la composition française, relativement court mais extrêmement important car explicite et direct, est disponible juste ici. Nous te conseillons vivement d’y jeter un œil car l’ensemble des attendus sont énoncés, et ce par les correcteurs et jurys !