Devenir normalien représente une immense opportunité, tant académiquement que professionnellement. Si la voie sur concours (« élève ») est mieux connue, il existe cependant une deuxième possibilité d’intégrer une ENS, sur dossier (« étudiant »). Nous te présentons les conseils essentiels pour maximiser tes chances d’être admis(e) sur dossier à l’ENS Paris-Saclay, au département de Sciences humaines et sociales (SHS).
Devenir normalien-étudiant en SHS : présentation du statut
Dans toutes les ENS, deux statuts de normaliens existent : normaliens-élèves et normaliens-étudiants. Ces derniers se différencient avant tout par l’absence de rémunération pendant la scolarité, mais aussi par l’absence d’engagement décennal (c’est-à-dire la nécessité de consacrer dix ans à l’État). D’autre part, les premiers sont recrutés sur concours, au terme d’une CPGE, alors que les deuxièmes sont recrutés sur dossier. Si une majorité de normaliens-étudiants a suivi une classe préparatoire, certains proviennent aussi de formations universitaires.
Ainsi, en dehors du traitement (le salaire d’un fonctionnaire), il n’y a aucune différence du point de vue de la scolarité. Le diplôme de l’ENS obtenu est le même, les opportunités (Erasmus+, double diplôme, masters…) sont identiques et l’accès aux contrats doctoraux spécifiques normaliens (CDSN, des financements de thèse réservés aux normaliens) est possible.
Au département de Sciences humaines et sociales, tous les parcours sont disponibles sur dossier. Économie, Histoire, Management et Sociologie sont les différentes disciplines proposées, parmi lesquelles il est nécessaire de choisir une majeure et une mineure.
Pour plus d’informations : tout savoir sur la procédure de candidature sur dossier aux ENS.
Préparer son dossier
Dans un premier temps, il convient de préparer tous les éléments demandés pour déposer une candidature. Cette partie est la plus rapide et ne nécessite que de réunir ses relevés de CPGE, ou encore ses notes du baccalauréat.
Néanmoins, il est crucial de réfléchir à l’avance à la lettre de recommandation qui complétera son dossier. En effet, depuis l’admission voie étudiante de 2024, il est nécessaire de joindre une lettre rédigée par l’un de ses professeurs. Ainsi, il est possible de se démarquer en la sélectionnant soigneusement. Il faut tout d’abord choisir des enseignants pertinents pour la discipline demandée : un étudiant choisissant économie en majeure n’aura que peu d’intérêt à solliciter l’aide de son professeur d’anglais.
En outre, il est important que le contenu de la lettre mette en valeur son dossier. Un bon classement ainsi qu’une bonne attitude dans la matière contribueront à la qualité du soutien. Il peut être bénéfique d’en parler suffisamment à l’avance avec ses enseignants pour recueillir leurs impressions et leurs conseils.
L’étape cruciale : la lettre de motivation
L’élément le plus important et le plus chronophage de la candidature est la lettre de motivation. Plus qu’une simple démonstration de son intérêt pour le cursus, il s’agit aussi de l’ébauche d’un projet d’études et de recherche.
La formation à la recherche étant au cœur de l’activité de l’ENS, le jury s’attend à ce que cette dimension apparaisse. Elle ne doit pas dépasser les deux pages, la concision et la précision du propos sont donc essentielles.
La motivation
Il est inutile de décrire le contenu de la prépa B/L ou D2 : le jury les connaît. En revanche, les autres formations (licences, IEP, autres classes préparatoires…) peuvent faire l’objet d’un paragraphe de description, pour préciser leur adéquation à la candidature.
Il est important de montrer son envie de rejoindre l’ENS Paris-Saclay, sans pour autant en faire trop. Pour ce faire, se renseigner sur les atouts de l’école (enseignants, cursus…) permet d’enrichir le corps de sa lettre et d’expliquer son intérêt. Il s’agit de montrer que le cadre offert permettrait de s’épanouir académiquement, grâce aux spécificités normaliennes.
Le projet de recherche
C’est sûrement la partie la plus compliquée et la plus floue. La recherche, à ce niveau d’études, d’autant plus en CPGE, semble lointaine. Si les étudiants connaissent et savent mettre à profit de nombreuses références, la production de recherche leur est moins familière. Il n’y a pas de méthode miracle, il faut adopter une démarche de chercheur, du moins, à son échelle.
Premièrement, il faut trouver un sujet, qui sera la base de ce projet. L’objectif n’est pas forcément de trouver le sujet le plus original possible. Un sujet bien réfléchi et bien amené sera beaucoup plus pertinent qu’un sujet original mal pensé. Un point de départ peut être un champ disciplinaire d’intérêt. Par exemple, pour de l’économie du développement, il est possible de réfléchir à des ébauches de problématiques liées : santé, environnement… Une fois ce début de questionnement trouvé, faire un rapide panorama de la recherche déjà existante précise le projet. En effet, cela permet de se situer parmi ce qui a déjà été fait et ce qui est à faire.
Une fois cette « revue de littérature » faite, le projet de recherche peut se préciser. Il s’agit de trouver un angle d’approche, d’analyse, qui permette l’étude du sujet. Ainsi, les références étudiées en cours peuvent offrir des exemples de méthodologies de recherche. Il n’y a pas de méthodes ou d’outils suprêmes, cela dépend de la pertinence dans le contexte du projet. Par ailleurs, l’utilisation d’articles et d’ouvrages scientifiques en comparaison et en renfort de son projet est très souvent pertinente.
Enfin, la dernière étape est la rédaction du projet de recherche, articulé au sein de la lettre de motivation. Le projet de recherche en lui-même doit constituer environ la moitié de la lettre (une page). Cependant, il convient de ne pas perdre de vue la nécessité de montrer sa motivation.
Conclusion
En somme, il faut avant tout garder à l’esprit qu’il est normal de ne pas avoir un projet exceptionnel. Un étudiant de CPGE n’est pas (encore) un doctorant, et les attentes le reflètent. Pour se démarquer à l’ENS Paris-Saclay, la clarté du projet et la qualité de la réflexion priment. Comme le souligne le jury, l’admission voie étudiante n’est pas un « concours élève bis » : l’admissibilité ou la sous-admissibilité sont des éléments pertinents, mais ne sont pas synonymes d’admission sur dossier.
Enfin, consulter les rapports de jury de la voie étudiante est une excellente idée afin de mieux cerner les attentes. Ils reprennent notamment des exemples tirés des bonnes lettres, ce qui permet de mieux se rendre compte des attentes.
Si tu hésites sur le choix de discipline, tu peux t’informer sur la première année au département de SHS à l’ENS Paris-Saclay.
