S’engager pour une troisième année de prépa n’est pas rare en khâgne, et les perspectives d’intégration en école de commerce peuvent intéresser plus d’un littéraire ! Major-Prépa a interrogé pour toi Clémence, une élève fraîchement admise à HEC, qui nous raconte son parcours en prépa littéraire à Janson de Sailly et son ressenti à propos des (deux !) concours qu’elle a passés.

En prépa littéraire A/L : un choix de spécialité… qui n’a pas payé !

Peux-tu te présenter rapidement ?

Bonjour ! Je m’appelle Clémence et j’ai 20 ans. J’ai suivi trois années de classe préparatoire littéraire A/L au lycée Janson de Sailly… je n’ai donc pas fait de maths depuis trois ans et les premiers cours de finance à HEC vont être un grand moment !

Comment as-tu entendu parler de la prépa, et comment as-tu fait ton choix ?

Mes professeurs m’ont orientée vers cette formation parce que j’avais de bons résultats. À l’époque, je voulais travailler dans le domaine de l’histoire de l’art. J’ai donc j’ai choisi Janson de Sailly pour cette spécialité, proposée par peu de khâgnes. Ironie du destin, c’est ma note à l’écrit en spé qui a fait chuter ma moyenne la première fois que j’ai passé le concours. Je l’ai donc abandonnée en troisième année.

Comment as-tu appréhendé ta première année de prépa : t’es-tu bien adaptée ? As-tu performé dès le début ?

Mes professeurs et mes proches m’avaient préparée à une chute vertigineuse de mes notes. Il n’en a rien été parce que j’ai travaillé avec sérieux dès le début, grâce, justement, à la pression qu’on m’avait mise. Moi qui étais perfectionniste au lycée, j’ai très vite appris à chercher l’efficacité pendant chaque heure de travail. Avant chaque tâche, je me demandais : est-elle vraiment indispensable pour le concours ? Va-t-elle me permettre de faire la différence avec les autres candidats ?

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Après des résultats décevants à l’ENS, cuber et s’orienter vers les écoles de commerce

Et ta deuxième année en prépa ?

Un long fleuve tranquille ! J’avais trouvé mon rythme de travail, le confort dans ma vie d’ermite… jusqu’aux résultats très décevants du concours. Cette année-là, je ne présentais que l’ENS Ulm (qui forme des enseignants-chercheurs) et l’École du Louvre. C’est surtout la note catastrophique en spé, due à une mauvaise préparation, qui m’a fermé la porte des deux écoles.

Comment as-tu rebondi l’année suivante ?

J’ai donc khûbé, parce que j’avais toujours l’ambition d’obtenir une grande école. J’ai fait le choix qui s’imposait de changer de spé et je me suis mise à suivre les cours spécifiques à la préparation des écoles de commerce – des cours de presse anglaise et de synthèse – pour avoir d’autres débouchés que l’ENS, extrêmement sélective. Au fur et à mesure de l’année, je me suis lassée de l’érudition littéraire et je me suis de plus en plus intéressée aux enjeux contemporains abordés dans mes cours de presse anglaise. Je prenais également beaucoup de plaisir aux entraînements aux entretiens de personnalité organisés par mon lycée. Ainsi, les écoles de commerce sont devenues progressivement un objectif important pour moi.

Les concours en cube : “certains oraux ont été une partie de plaisir” !

Comment as-tu appréhendé les concours ?

J’ai veillé à faire de bonnes nuits de sommeil, parce que les écrits sont un marathon et qu’il ne faut pas piquer du nez au bout de la première heure d’épreuve quand il en reste trois. J’étais toujours insatisfaite de l’avancement de mes révisions, mais je savais que les sujets d’écrit resteraient généraux et que j’aurais assez de matière pour les traiter.

Quelle a été ta réaction le jour des résultats d’admissibilité ?

J’avais l’impression d’avoir fait des copies moyennes, à l’exception de ma copie de latin à la BCE où j’avais excellé (c’était ma « LV2 », un choix très stratégique) et de ma copie de philosophie à Ulm, qui me paraissait médiocre. Par conséquent, je pensais que le scénario de l’année précédente se reproduirait à Ulm et que je n’aurais pas de Parisienne. Finalement, j’ai découvert mon nom sur la liste des admissibles de l’ENS. L’instant d’après, je me suis rendue sur le site de HEC, le cœur battant à tout rompre. Quand j’ai vu que j’étais admissible, j’ai crié de joie et j’ai frappé du poing contre le mur de ma chambre ! Je souhaite à tous ceux qui se sont donné du mal pendant leurs années de prépa de connaître l’explosion de joie de la réussite !

Comment t’es-tu remise au travail pour préparer les oraux ?

J’étais galvanisée par mes résultats, donc je n’avais aucun mal à me motiver. J’ai accordé la priorité dans mes révisions aux écoles de commerce par rapport à l’ENS parce que j’avais de très fortes chances d’avoir une des trois Parisiennes alors que l’admission à l’ENS est très imprévisible. J’attendais donc une faveur de la Providence pour avoir l’ENS, et je comptais sur une bonne préparation pour les écoles de commerce. Et surtout, je dormais toujours énormément !

Quel a été ton ressenti lors des épreuves orales d’HEC ?

Il était excellent ! Je suis très à l’aise à l’oral de manière générale et certains oraux ont même été une partie de plaisir, comme le triptyque. J’étais rassurée par le fait que certaines de mes connaissances avaient intégré HEC en ayant des notes en dessous de la moyenne. Et puis j’avais déjà passé l’ESSEC et j’en avais retiré un bilan positif, donc j’étais confiante.

Quelle a été ta réaction lorsque tu as découvert ton admission à HEC ?

Je venais d’apprendre que je n’étais pas admise à l’ENS, sans surprise parce que mes oraux avaient été très inégaux. Lorsque je me suis rendue sur le site de HEC, j’ai bondi de joie en voyant que j’étais 39ème ! En plus, c’était exactement le rang d’une excellente amie qui avait eu HEC l’année dernière. J’étais 323ème aux écrits, donc je ne m’attendais pas à une telle remontée. D’après les divers retours que j’ai eus, les notes des écrits ne présagent pas du classement final. Donc il faut rester confiant et mobilisé jusqu’au bout !

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Bilan de sa prépa et conseils aux khâgneux

Quel est ton meilleur souvenir de ta prépa ? Et la meilleure chose que tu en tires ?

C’est le moment où j’ai appris que j’étais admissible à HEC. J’ai ressenti une joie et une satisfaction inédites parce que jusqu’alors je n’avais connu que des réussites faciles au lycée ou l’échec au concours en khârré. C’était bien la première fois de ma vie que je me surprenais à taper contre un mur sous le coup de l’émotion ! Cette troisième année de prépa m’a donné envie de m’épanouir dans un métier qui me fasse découvrir le monde actuel et qui me donne des responsabilités, ce à quoi ne me prédestinait pas une prépa littéraire. J’ai aussi pris conscience de l’importance de se ménager dans l’effort : s’investir pour réussir, ce n’est pas s’épuiser à la tâche !

Aurais-tu quelques conseils pour d’autres étudiants venant de prépa littéraire ?

Surtout, préparez-vous bien aux épreuves spécifiques !

Entraînez-vous à l’épreuve d’aptitude logique en faisant quelques annales pour vous familiariser avec le format de l’épreuve. Révisez les fondamentaux : les tables de multiplication, poser une multiplication et une division, faire un produit en croix, manipuler des pourcentages, des statistiques et des fractions, lire un graphique. Sinon, grands moments de solitude au tableau garantis ! Ne vous laissez pas non plus déstabiliser par le format : vous présentez vos solutions à des exercices au tableau, donc il faut poser des calculs, expliquer son raisonnement à voix haute et avancer tout seul – les jurys ont plutôt tendance à vous regarder d’un air consterné, mais c’est normal.

Pour ce qui est du triptyque, un camarade m’avait donné un très bon conseil : les littéraires ont tendance à jouer sur les mots et à s’attarder sur les définitions, mais les examinateurs d’école de commerce veulent du concret. Il faut donner des exemples précis et montrer qu’on s’intéresse aux enjeux de société contemporains. Vous n’êtes pas (encore) à l’Académie française !

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