Il y a quelques semaines, nous avons publié nos classements des meilleures CPGE EC 2023. Ils font partie des contenus incontournables depuis la création de Major-Prépa et sont toujours très consultés, à la fois par les élèves, les familles et les responsables pédagogiques des prépas. Daniélou, Notre-Dame-du-Grandchamp, Montaigne… Nous avons demandé aux responsables des établissements les mieux classés ce qu’ils pensent du nouveau cru de ce palmarès. Ils nous dévoilent aussi leurs secrets pour mener leurs élèves à intégrer les écoles les plus sélectives.

Que pensent-ils des classements ? Sont-ils satisfaits de leurs résultats ? Quelles critiques émettent-ils aux sujets des palmarès consacrés aux prépas ? Quel est le profil de leurs élèves ? Quelles sont leurs méthodes pour accompagner chacun à la réussite aux concours ?…

Voici les questions que nous avons posées aux responsables des meilleures prépa EC 2023. Leurs réponses sont à découvrir ici, également publié dans le magazine Le Major n°13 auquel nous t’offrons l’accès intégral à la fin de cet article.

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“Des médias comme Major-Prépa aident à franchir la barrière de l’autocensure”, Marie-Laure HUGUET, responsable pédagogique du Lycée Notre-Dame-du-Grandchamp (Versailles,78)

Pour la 2e année consécutive, le lycée Notre-Dame du Grandchamp est sur la première marche du podium des prépas ECT (et toujours dans le top 10 des prépas ECG, au 8e rang).

Que signifient pour vous les classements ?

Les étudiants s’appuient beaucoup sur les médias, le vôtre et d’autres, pour franchir la barrière de l’autocensure envers la classe prépa. Ils nous parlent souvent du rang de la prépa de Notre-Dame-du-Grandchamp au cours des entretiens d’accueil que je conduis avec chacun à la rentrée. Pour eux, c’est une marque de sérieux et de qualité. Pour beaucoup, choisir cette voie a d’abord pu sembler une ambition démesurée, à tort. La preuve ? Les résultats montrent qu’ils s’en sortent. Figurer sur la première marche du podium est une grande source de satisfaction pour notre établissement, mais nous la visons pour chacun de nos élèves ! Et ce n’est pas de l’élitisme. Notre mission est d’accompagner nos élèves vers ce qu’il y a de meilleur pour eux en fonction de leurs capacités, de leurs envies et de leurs projets, comme le souligne notre devise, « S’épanouir et réussir ».

Quel est le profil des élèves de Notre-Dame-du-Grandchamp ?

Nous n’avons jamais recensé autant de candidatures que l’an dernier, avec une hausse de 20% des dossiers sur Parcoursup. Beaucoup de candidatures proviennent de partout en France, mais aussi de l’étranger. 1/3 de la classe cette année vient de province ou de l’étranger. Nous en avons dénombré plus de 400 l’an dernier, pour 35 places. C’est l’effet des classements, mais aussi de l’intérêt qu’ils portent à la qualité de vie au sein de notre établissement. Cela compte pour nos candidats. Nous cherchons des élèves issus de STMG avec un bon dossier, sans « trou », qui montrent une vraie motivation et une capacité de travail. Au moment d’étudier les dossiers, je m’arrête davantage sur les commentaires et appréciations des professeurs que sur les notes. Avec un 6 de moyenne en terminale, l’intégration en prépa reste cependant difficile à envisager.

Que gardent-ils de la prépa ?

Certains reviennent des années après et deviennent khôlleurs à leur tour. Pour eux, la prépa est une expérience fondatrice. Ils prennent conscience de leur capacités de travail, de leur ténacité, gardent longtemps contact avec leurs anciens professeurs. C’est aussi une expérience humaine au cours de laquelle se forgent des amitiés très fortes et durables entre élèves.

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“Nos élèves ont la gniak, ils veulent réussir !”, Wafaâ BOUAB BENNANI, présidente de l’ESTEM Casablanca

Comme en 2021, l’ESTEM Casablanca (Maroc) est présente sur le podium des meilleures prépas ECT 2022. Elle gagne une place cette année et monte au 2e rang.

Que signifient pour vous les classements ?

Ils montrent les résultats de l’investissement et de l’acharnement pédagogique que nous déployons auprès de nos étudiants. Je suis très heureuse de ce beau résultat qui récompense des années de travail, et suis d’autant plus fière que nos élèves ne grandissent pas dans la culture française. Certains arrivent de pays subsahariens sans maîtriser le français et l’histoire et nous partons de zéro aussi en langues, car peu ont étudié l’anglais, et encore moins une deuxième langue vivante. Il leur manque donc un bagage culturel et académique important. Mais ce sont des élèves qui ont la gniak, c’est presque une question de survie pour eux. Ils viennent de milieux peu favorisés et ont envie de réussir. Il leur faut aussi se familiariser avec les exigences d’un concours français qu’ils ne connaissent pas. Mais toutes ces « lacunes » sont compensées par le travail formidable qu’ils réalisent aux côtés de professeurs qui les motivent. L’année dernière, nous avons accompagné une promotion exceptionnelle qui a obtenu d’excellents résultats aux concours.

Comment fonctionnent les prépas au Maroc ?

Le Maroc est en partenariat avec le ministère de l’Enseignement supérieur français pour le développement des classes préparatoires ECT. À l’origine, les effectifs étaient censés alimenter les promotions de nos écoles de commerce (ESCAE et ENCG). Progressivement, les concours des grandes écoles françaises sont devenus aussi un objectif lorsque les Marocains, formés en ECT, ont identifié qu’ils pouvaient réaliser d’excellentes performances en mathématiques, parfois meilleures que celles de candidats d’ECS. Cela a été qualifié de «triche» pendant une période, avant que le gouvernement marocain ne régule l’ouverture des prépas ECT, en 2017, et que l’inscription aux concours français se fasse obligatoirement dans l’option suivie en prépa.

Quels sont les classements marocains incontournables ?

Il n’existe pas de classement des prépas proposé par des médias marocains. Nos prépas fonctionnent grâce au bouche-à-oreille, grâce aux avis positifs sur Internet. À l’ESTEM, nous refusons des candidatures sans avoir à faire de publicité.

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“Les classements devraient mieux tenir compte du travail des enseignants” Eric Biset, proviseur de la Cité scolaire Michelet, à Vanves (92)

Première prépa ECT de France en 2019, la prépa du lycée Michelet figure au pied du podium cette année, après avoir gagné un rang par rapport à son résultat 2021. Sa prépa ECG est quant à elle classée 30e.

Que pensez-vous des classements ?

Le rang de chaque prépa est lié aux performances réalisées par les autres, ce qui laisse nécessairement une incertitude concernant le classement annuel de notre ECT, même si la promotion est d’un bon niveau. L’an dernier, en l’occurrence, nous avions une promo assez atypique, moins « académique » que d’ordinaire, mais toujours composée de peu de khûbes, ce qui est l’une de nos spécificités. Mais il me semble essentiel de pouvoir comparer les perceptions internes à chaque établissement aux résultats nationaux grâce aux classements. En tenant compte des effets du Covid sur les promotions actuelles, qui ont subi les confinements pendant leur scolarité au lycée. Cela peut poser des difficultés pour la suite de leur parcours académique.

Existe-t-il une méthode Michelet ?

Nous avons la chance d’avoir une bonne ambiance au sein de la promotion et un cadre qui favorise le travail de groupe. À Michelet, la réussite est collective avant d’être individuelle. Nos équipes pédagogiques sont très investies et mobilisent des khôlleurs de grande qualité au service de la progression des étudiants. Des conférences sont également régulièrement proposées. Récemment, Jacques Audibert, ancien conseiller diplomatique de François Hollande, est venu parler de diplomatie à nos élèves.

Une critique concernant les classements ?

Je pense qu’ils devraient davantage tenir compte du travail des enseignants et de leur apport auprès des étudiants. Certaines prépas figurent systématiquement en tête des classements sans que puisse être mesuré le saut qualitatif réalisé par leurs élèves entre leur arrivée et le passage des concours. Sans surprise, les meilleurs élèves à l’entrée en prépa vont demeurer les meilleurs candidats à la sortie.

Voir aussi : Une rentrée en prépa au lycée Michelet (Vanves) avec Clara (aka Limitless Mind)

“La prépa ECT est un ascenseur social formidable”, Anne NEYMANN, professeur coordinateur au lycée Chevrollier, à Angers (49)

Une place en plus cette année pour la prépa du lycée Chevrollier, à Angers, qui ferme le top 5 des meilleures CPGE ECT 2022.

Consultez-vous les classements ?

Au lycée Chevrollier, nous n’avons qu’une prépa commerciale : une ECT. Elle est très demandée sur Parcoursup, notamment grâce à ses bons résultats dans les palmarès. Nos étudiants (35 par année) les consultent beaucoup et les candidats les mentionnent comme un critère important dans leur lettre de motivation. Nous avons vu la différence pour notre prépa de province à partir du moment où les premiers classements d’ECT ont été publiés : les candidatures des lycéens hors académie ont commencé à être plus importantes. Même si l’essentiel de notre effectif est issu de notre académie (Nantes), certains de nos élèves viennent de bien plus loin (Nice, Cannes…).

Existe-t-il une méthode Chevrollier ?

Nous avons chaque année des étudiants qui expriment très tôt une grande ambition, avec la volonté d’intégrer le top 5 des écoles. Notre prépa fonctionne sur deux piliers : d’une part, un accompagnement fort de chaque étudiant, qui s’opère dans la bienveillance et, d’autre part, une grande exigence académique. Nous ne cédons rien concernant l’orthographe, l’expression, l’analyse… Notre ECT prépare aux concours les plus exigeants, et nous avons conscience que la marche est haute. Nos étudiants s’inscrivent tous à Ecricome… et tous visent au-dessus.

Que disent vos élèves à propos de la prépa ?

Nos anciens parlent de Chevrollier comme d’une prépa familiale. L’équipe met en effet tout en œuvre pour que chacun se sente bien et qu’existent les conditions d’une émulation saine. Nous organisons à chaque rentrée une journée d’intégration, nous réalisons un entretien avec chaque élève au milieu du premier semestre de la première année, les 2e années parrainent les 1re année, des visites d’écoles sont organisées…

Suivez-vous leurs trajectoires après le concours ?

Mais notre rang dans les classements, nous le devons surtout à l’engagement de nos élèves qui, quel que soit leur parcours antérieur, travaillent beaucoup pendant deux années et se transforment. Nous le constatons entre la première et la deuxième année, et encore bien plus tard, lorsqu’ils reviennent nous voir en tant que directeurs financiers, créateurs d’entreprises, etc.

La prépa ECT est un ascenseur social formidable qui fonctionne. Le Major HEC de cette année est un ECT ; l’un de nos étudiants qui a intégré l’ESSEC me faisait remarquer qu’ils étaient 12 ECT sur une promotion de 450… Si cette société veut favoriser la mixité et l’ouverture de sa classe dirigeante, alors il me semble que les CPGE ECT sont un outil précieux pour le faire.

Avez-vous un reproche à faire aux classements ?

Leur pluralité coupe court à l’argument de la méthodologie. Il en faut bien une ! En revanche, il faut avoir conscience que la concurrence induite valorise les prépas qui sont déjà bien classées. Être bien classé au départ donne un avantage démesuré et les prépas qui ont eu un désavantage au départ, quelle qu’en soit la raison, ont à descendre plus loin dans leur liste Parcoursup pour compléter leur promotion.

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“Nos élèves ne sont pas en concurrence entre eux”, Nathalie LUGAGNE, responsable des classes préparatoires du Centre Madeleine Daniélou, à Rueil-Malmaison (78)

Pour la première année d’existence de notre classement des prépas ECG, c’est une CPGE habituée des premiers rangs que nous retrouvons tout en haut du podium : le Centre Madeleine Daniélou, qui était déjà la première prépa ECE en 2021.

Consultez-vous les classements ?

Je les consulte, oui, mais je ne m’en « sers » pas, dans le sens où ils ne guident évidemment pas notre proposition pédagogique. Je n’ai pas non plus de reproche à leur faire, tout en ayant conscience qu’il est plus aisé de les apprécier lorsqu’on est soi-même bien classé. Mais ils restent fondés sur les résultats SIGEM, et donc sur un critère objectif.

Ils sont par ailleurs un outil de communication intéressant auprès des candidats et de leurs parents. Dans leur lettre de motivation Parcoursup, certains nous parlent de notre rang dans les classements, mais nous préférons savoir qu’ils postulent à Daniélou parce qu’ils sont convaincus par le projet et qu’ils y adhèrent, davantage que parce que nous sommes la première prépa de France. Un candidat montrant sa motivation à venir en prépa chez nous a toutes ses chances d’être admis, même si le niveau de son dossier académique présente quelques lacunes.

En quoi consiste la “méthode Daniélou” ?

Elle repose avant tout sur la qualité de l’équipe pédagogique, très engagée auprès des étudiants. Elle œuvre avec beaucoup de bienveillance, ce qui n’exclut pas l’exigence, pour faire grandir et progresser nos étudiants. Autre point : nous sommes une prépa que l’on peut qualifier de « familiale ». Nous avons 42 élèves en première année d’ECG, et un peu moins de 170 au total. Je les connais tous, nous entretenons de véritables liens avec chacun, tissés notamment lors de rencontres qui ont lieu tôt dans l’année, pour les connaître indépendamment de ce qu’il adviendra de leur trajectoire académique en prépa.

Enfin, nous encourageons un esprit d’entraide et de camaraderie. Les élèves ne sont pas en concurrence entre eux, mais doivent savoir s’entraider. Outre le parrainage des 1re année par les 2e année et le tutorat assuré de manière individuelle par les 10 meilleurs étudiants, toutes les fiches sont mises en commun sur un dossier accessible à tous et les révisions sont toutes organisées par groupes de 3 ou 4, créés par les délégués. J’échange régulièrement avec ces derniers pour que les informations puissent circuler entre nous. Autre exemple de la confiance que nous plaçons dans nos élèves : les examens ne sont pas surveillés. Nous sollicitons ainsi leur esprit d’autodiscipline, en sachant qu’ils n’ont évidemment aucun intérêt à tricher, car cela sera impossible au moment des concours.

J’ajoute que le cadre de vie à Daniélou est incroyable : la pratique du sport est facilitée par le stade et la forêt à proximité, nous proposons des cours de sophrologie pour aider à maintenir l’équilibre du sommeil. Un voyage à l’étranger est organisé chaque année (nos élèves sont partis à Amsterdam cet automne), un ciné-club est animé par les professeurs, des cycles de conférences sont proposés, l’engagement associatif est encouragé… Le week-end, la prépa reste ouverte pour les étudiants qui occupent les logements situés à moins de 10 minutes.

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“Nous recevons d’excellents dossiers de nombreux lycéens”, Hugues Kitten, proviseur adjoint, chargé des classes préparatoires du Lycée Montaigne, à Bordeaux (33)

La prépa ECG du lycée Montaigne, à Bordeaux, occupe la 25e place de notre classement des ECG, soit une remontée de 8 places par rapport à la 33e occupée en 2021. Il s’agit de la 11e meilleure prépa ECG de France hors région parisienne.

Consultez-vous les classements ?

Nous les consultons pour identifier notre positionnement par rapport aux autres, mais plus par curiosité que par esprit de concurrence. Nos candidats regardent dans quelles écoles se placent nos élèves, mais ce n’est pas le seul critère qui les convainc de postuler sur Parcoursup pour intégrer Montaigne. L’établissement est très bien situé dans Bordeaux, facilement accessible en transports, propose un internat et il est identifié comme une grosse structure d’enseignement conduisant à la réussite.

Quel est le profil des élèves de prépa du lycée Montaigne Bordeaux ?

Nous recevons d’excellents dossiers issus de nombreux lycées. Nous veillons à ce que toutes les candidatures, intra et hors académie, soient classées selon leur niveau académique et nous tenons à la diversité des origines de nos élèves, dont certains ont appris l’existence de la prépa grâce aux Cordées de la Réussite.

Existe-t-il une “méthode Montaigne” ?

Nous nous efforçons de fournir aux étudiants les meilleures conditions pour qu’ils se sentent épanouis dans la classe. Nous proposons aussi des cycles de conférences. Nous faisons confiance aux équipes pédagogiques pour le contenu relatif aux différentes disciplines et la préparation aux écrits et aux oraux. Le dialogue au sein des filières est régulier et essentiel pour créer un collectif, une unité pédagogique.

Consulte aussi : Notre répertoire des prépas

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