Major Prépa > Méthodologie > Prépas littéraires : rencontre avec Paul, fondateur d’Ecolucide et étudiant à l’emlyon

Dans cet article, Major-Prépa te propose de découvrir le témoignage de Paul, étudiant à l’emlyon, ex-khâgneux et fondateur d’Ecolucide.
Paul, tu as un parcours original. Peux-tu nous le détailler ?
Être en école de commerce n’a rien de très original, mais c’est vrai que le chemin pour y arriver a été un peu plus déroutant.
Après deux années de prépa littéraire, j’ai intégré une licence de géographie. Licence en poche, j’ai été admis à l’emlyon, école où je poursuis actuellement mes études.
Pourquoi avoir décidé d’intégrer l’emlyon après ton année de fac, et non après ta khâgne ?
Déjà parce qu’il fallait être pris, ce qui n’a pas été le cas en khâgne.
En deuxième année de prépa, la Covid a un peu tout chamboulé. Je savais que je voulais partir en école de commerce, mais après réflexion, j’ai eu peur que khûber me fasse tourner en rond. D’où cette idée de bénéficier du système des équivalences pour partir en licence de géographie. J’ai alors intégré l’em via les admissions sur titre.
Es-tu satisfait de ton choix ?
Je suis très content d’avoir eu ce parcours, car mon année de fac m’a permis de vraiment prendre le temps de réfléchir à de nouvelles passions et de bâtir de nouveaux projets. Si j’avais intégré l’em dès la prépa, j’aurais sans doute été complètement déboussolé.
En école de commerce, ça va un peu à cent mille à l’heure, on peut s’y perdre. Sans cette année de fac, il m’aurait été plus difficile de savoir ce qui me plaisait vraiment ou non.
De quelle façon penses-tu que ce parcours particulier est un atout en école de commerce ?
Avoir fait de la géo rend toujours les gens curieux de votre parcours et de vos idées, ce qui est un excellent moyen d’éviter toutes discussions ennuyeuses. Et en plus, ça me permet de cultiver une indépendance d’esprit et de trouver d’autres axes de résolution des problèmes. Et j’avais aussi profité de mon année de fac pour créer un projet axé autour de l’écologie et écrire des articles.
Le ralentissement de la vie étudiante m’a dégagé beaucoup de temps pour le lancement. Or, ça tombe bien, j’avais besoin de ce temps, et la fac, contrairement à la prépa, m’en offrait sur un plateau.
En plus d’être khâgneux, tu es le cofondateur d’Ecolucide. D’où vient cette idée ?
Ecolucide est un média d’écologie. On ne va pas se le cacher, tout le monde entend un peu tout le temps parler d’écologie. On nous rabâche souvent que c’est pour notre génération et qu’on va voir ce qu’on va voir. Alors, certains s’emparent des questions environnementales. Moi, pas à l’époque. En prépa, je m’y intéressais à peine.
Pourtant, je sentais qu’il y avait quelque chose d’important à creuser. Alors, j’ai eu l’envie de me former sur ces sujets, tout en formant des gens. L’idée de créer un média est venue, car en écrivant le contenu le plus qualitatif possible pour les autres, je me motivais tout autant que je me formais. Alors, j’ai profité de mon année de fac pour me lancer.
Je voulais aussi créer une ligne éditoriale originale, pas juste une page de plus parlant d’écologie. Souvent l’écologie est traversée par des paroles et des pensées caricaturales. Je voulais ramener un peu de nuance et d’esprit critique dans tout ça.
Par exemple, j’entends souvent que le capitalisme serait responsable de tous les maux qui accablent notre bonne vieille Terre. Eh bien, je trouve ça un peu démago. Parce que capitalisme est un mot fourre-tout. De quel capitalisme on parle ? D’un capitalisme néolibéral ? Du capitalisme scandinave ? Certains tombent trop dans la facilité. Je pense juste que, sans nier l’ampleur de certains problèmes, il n’est pas nécessaire de tomber dans le cliché.
C’est un peu cet esprit que j’ai voulu donner à Ecolucide. Un média proche des jeunes qui cultive le goût de la discussion critique et rend compte de la complexité des thématiques écologiques.
Pourquoi avoir choisi Instagram ?
Instagram est sans doute le meilleur réseau social pour les communautés. En fait, il permet un accès simplifié et intuitif à toute personne qui utilise l’application. Les historiettes (ou stories) renforcent la proximité avec les gens.
On est très souvent contactés directement par des abonnés pour discuter un peu. Beaucoup de ces discussions me donnent un certain nombre d’idées et élargissent mes perspectives.
Quels sont les projets futurs pour Ecolucide ?
La page a atteint récemment les 20 000 abonnés sur Instagram, mais j’aimerais qu’on soit davantage qu’une page Instagram. C’est pourquoi nous avons lancé un serveur Discord pour avoir un espace de discussion qui profite à tout le monde.
Mais ce n’est pas tout, dans les requis au diplôme, l’emlyon demande à ses élèves de réaliser des projets de groupe : c’est-ce qu’on appelle « makers’ project ». J’en ai donc profité pour proposer à certains étudiants de participer au développement d’Ecolucide. On a pas mal d’idées : lancement d’un site web, tournage de reportages, articles sur des entreprises engagées, ou encore création d’un événement avec la communauté (un peu à la manière d’un grand débat).
Par ailleurs, on veut vraiment continuer à écrire des articles toujours plus qualitatifs. Si jamais l’aventure vous intéresse, n’hésitez pas à nous rejoindre !
Y a-t-il un lien entre ton appétence pour la littérature et ton intérêt pour l’environnement ?
Disons que le goût de la lecture ne m’a pas rendu hermétique aux problèmes environnementaux. Alors, peut-être que la littérature nous rend plus sensibles aux choses, oui. J’avais par exemple particulièrement été frappé par Marcel Proust, qui prenait le temps de lister chaque espèce d’arbres ou de fleurs dans de très belles et très longues phrases. Deux ou trois clics internet me permettaient d’aller voir de quoi il parlait, mais ça prenait du temps. Cette attention aux plus petites choses, y compris les plus inconnues, rend sans doute davantage sensible aux fragiles équilibres.
Il est important aussi de ne pas réduire l’écologie à une somme de chiffres comme le bilan carbone d’une vie. Les chiffres sont parfois implacables et très révélateurs, mais rien ne remplacera le pouvoir d’incarnation des mots, en particulier le langage littéraire. Ce langage nous transporte, nous émeut, nous donne envie de nous attacher aux plus belles choses. Or, c’est dans la prise de conscience que les plus belles choses sont fragiles qu’est née l’écologie. Je préfère m’arrêter là, sinon vous allez me perdre.
Vers quel domaine professionnel souhaites-tu te diriger ?
C’est encore assez difficile à dire. Classiquement, le conseil en stratégie me paraît très formateur, surtout pour commencer. Mais j’aimerais bien voir ce qu’il se passe du côté des fonds d’investissement dits « à impact ». Je veux mieux me rendre compte de ce qu’il en est vraiment.
À terme, je voudrais surtout occuper un emploi où je me sens utile pour les autres.
Quel conseil souhaites-tu donner aux littéraires qui hésitent à intégrer une école de commerce ?
Venez avec vos passions, cultivez-les. Si vous envisagez de travailler en entreprise, il y a de la place pour vous, pour développer des projets et passer des bons moments.
Je pense notamment à la très grande richesse de la vie associative.
Et à ceux qui veulent lancer un projet comme Ecolucide ?
Plutôt que de faire quelque chose qui ressemble aux autres, faites quelque chose qui vous ressemble. Une bonne idée et un peu d’originalité sont des très bonnes bases pour commencer. Le reste, vous l’apprendrez sur le tard.
Le problème est que la créativité ne vient pas sur commande. Alors, petite astuce pour être plus créatifs : lisez et dès qu’une idée vous vient, prenez l’habitude de la noter soit sur un calepin à l’ancienne, soit sur un téléphone. Ne laissez pas cette idée dans un coin de votre tête, elle risque de vous fuir, et croyez-moi, vous aurez bien d’autres choses à penser.
Merci à Paul d’avoir répondu à nos questions ; nous espérons que son témoignage a suscité ton intérêt ! Si tu souhaites en savoir plus sur la prépa littéraire, que tu passes les concours cette année ou l’an prochain, n’hésite pas à consulter notre pôle littéraire en cliquant juste ici !