Major Prépa > Méthodologie > La rentrée en hypokhâgne : mode d’emploi

Tu viens d’entrer en prépa littéraire et tu te sens déjà sous l’eau ? Jusqu’ici, rien de très étonnant ! N’importe quel khâgneux te le confirmera : la rentrée en hypokhâgne n’est pas une période évidente. Entre les premières (mauvaises) notes, la charge de travail, le regard de tes proches et la fatigue qui s’accumule, tu as de quoi te sentir submergé. Avant d’attaquer la partie purement académique, nous te proposons donc de prendre du recul grâce à ce petit « mode d’emploi ».
Première étape : s’armer de patience
Tout d’abord, au cours de ces semaines de transition, la dimension psychologique de la prépa prend une importance particulière. Si ces quelques conseils n’ont pas vocation à transformer ton hypokhâgne, nous espérons au moins qu’ils te rassureront et te permettront de normaliser ton expérience.
N’oublie pas que tes difficultés sont partagées par de nombreux étudiants : tu es loin d’être le seul à douter de tes capacités ou à appréhender le regard de tes proches. Nous désirons simplement te montrer qu’avec un peu d’humour, et beaucoup de persévérance, tu devrais survivre à ta rentrée en hypokhâgne. Pour la suite, rendez-vous à la Toussaint !
From Parcoursup to BEL : changements de référentiel
Si le lycée est un sprint, alors la prépa est un marathon. La métaphore n’est pas très originale, nous te l’accordons, mais elle n’en reste pas moins pertinente. Depuis deux ans, tu as pris l’habitude de courir parmi les meilleurs de ta classe en te concentrant sur des échéances ponctuelles : tel devoir, tel bac blanc, tel objectif de moyenne générale.
Ton intégration en hypokhâgne dépendait de ta capacité à exceller dans la durée pour t’assurer un dossier impeccable. Désormais, c’est tout le contraire : les bulletins n’ont plus qu’une valeur indicative et la seule note qui compte est celle de ta copie de concours. Notre mode d’emploi s’ouvre donc sur une bonne nouvelle : finie la pression permanente, plus personne ne viendra inspecter tes bulletins ! Sur ce point, tu vas largement gagner en liberté et en sérénité.
Tout vient à point à qui sait attendre…
Toutefois, il faut bien faire preuve de réalisme : même avec les meilleures intentions du monde, l’adoption d’une vision à long terme dès la rentrée en hypokhâgne n’est pas évidente. Tu as sûrement été un bon élève toute ta vie, avec l’habitude d’aligner les 18 plutôt que les 6. Dès lors, comment changer son schéma de réussite pour se transformer en marathonien ? En faisant preuve de patience envers soi-même. Oui, tu auras du mal à travailler efficacement et tu ne comprendras pas les attentes du premier coup, mais cela n’est pas une fatalité. C’est même totalement normal et tu ne dois pas te laisser déprimer par cette lenteur apparente.
Si tu sens la pression monter, essaie de te répéter en boucle ce proverbe, qui doit devenir une véritable conviction : « Tout vient à point à qui sait attendre. » Si cela ne suffit pas à te calmer, essaie de discuter avec certains de tes carrés qui ont mis du temps à progresser en prépa. Tu pourras ainsi mesurer les grands progrès qui t’attendent entre la rentrée en hypokhâgne et le début de la khâgne !
Deuxième étape : découvrir sa méthode de travail
Le mirage du one best way
Il est temps d’en finir avec un mythe largement répandu en prépa : celui du one best way. Dès ta rentrée en hypokhâgne, tu en as d’ailleurs sûrement entendu parler. Pour réussir selon cette recette miracle, il faudrait appliquer une technique unique et infaillible qui t’ouvrirait les portes de toutes les ENS grâce à vingt heures de travail quotidien. Attention, on part sur un gros spoil : c’est une légende urbaine. Alors c’est vrai que l’on comprend ton point de vue : adopter le même rythme que les majorants de sa classe, c’est super tentant ! Après tout, s’ils réussissent si bien, c’est que leur méthode doit être efficace, non ?
Pourtant, on te le garantit, cette stratégie est vouée à l’échec. Si les majorants en question n’ont besoin que de six heures de sommeil, qu’ils sont trilingues et qu’ils ont tous une mémoire visuelle, cela n’est pas forcément ton cas. Pour réussir, tu dois concevoir ta propre méthode à partir de tes caractéristiques (besoin de sommeil, capacité d’attention, type de mémoire…) et de ton niveau scolaire (facilités, lacunes). Fais-toi confiance : il existe autant de manières de réussir que d’étudiants en hypokhâgne.
La conception d’une méthode personnelle
Pour déterminer la méthode qui te convient le mieux, pas moyen d’y couper : tu dois faire un maximum d’expériences. Je te conseille d’avancer par étapes : d’abord la prise de notes, puis le fichage, l’apprentissage et la rédaction des copies. Ne te mets aucune barrière, ce n’est pas parce que toute ta classe travaille à la prépa jusqu’à 22 heures que tu ne peux pas travailler depuis chez toi. Si tu en ressens le besoin, fonce ! Au pire, tu ne seras pas efficace et tu retourneras en bibliothèque la semaine suivante. Idem pour le rythme : certains te persuaderont qu’il est impossible de réussir sans arriver à sept heures pétantes tous les matins. Si tu te sens épuisé après deux semaines à te lever aux aurores, ne te force pas à continuer. Respecte ton besoin de sommeil et tes pics de productivité, tu n’en seras que plus efficace.
Pour savoir si une expérience fonctionne, nous te conseillons d’utiliser les devoirs et les khôlles comme des tests. Si tu ne vois aucune progression, c’est qu’il faut changer de façon de faire. Une mauvaise note ne sanctionne pas tes capacités intellectuelles, seulement ta méthode de travail. C’est un indicateur précieux pour t’améliorer sur la période suivante. Et si tu es à court d’idées, n’hésite pas à solliciter tes carrés ! Cela te permettra de voir d’autres exemples de prises de notes, de manières de ficher ou de rédiger. Tu n’y aurais peut-être pas pensé tout seul, d’où l’intérêt d’en voir un maximum pour les reprendre à ta façon dans un deuxième temps.
Troisième étape : comprendre son stress pour bien le gérer
Avant d’entrer en prépa, tu as sûrement été mis en garde par tes professeurs et tes parents : ce sont deux années difficiles, les professeurs sont exigeants, la charge de travail n’a rien à voir avec celle du lycée. Et pourtant, entre l’anticipation du stress et son expérience concrète, il y a un sacré gap ! Mais ne t’inquiète pas, ces angoisses sont normales et il existe des outils pour apprendre à les maîtriser.
Cas n° 1 : le stress ponctuel
Au quotidien, tout va bien, mais tu perds tes moyens avant de passer en khôlle ; tu dors comme un loir du samedi au jeudi, mais les veilles de devoirs te paralysent ; tu attends avec impatience les sorties et voyages de classe, mais les concours blancs te font déjà froid dans le dos. Si tu te reconnais dans cette description, tu vis certainement du stress ponctuel.
Pour apprivoiser ces pics d’angoisse, je te conseille de créer des rituels sécurisants. Répétés régulièrement, ils t’aideront à lâcher prise avant les échéances importantes. Tu peux composer ces rituels à partir des méthodes « classiques » : la cohérence cardiaque avec RespiRelax, la méditation avec Petit Bambou, la sophrologie avec Breathing Zone, les appels à des proches, les compléments alimentaires à base de mélatonine pour l’endormissement. À toi d’essayer un maximum de techniques pour trouver celle qui te convient le mieux.
Cas n° 2 : le stress constant
Dès le réveil, ton angoisse se manifeste par des symptômes physiques (pleurs, crampes, vomissements…) ; ce stress envahit chaque moment de ta journée et t’isole de tes camarades ; aucune méthode « classique » ne fonctionne et tu regrettes déjà le choix d’une prépa. Si tu ressens ces symptômes de manière régulière, il est urgent de réagir. La première chose à faire, c’est de confier ce mal-être à des personnes-ressources (parents, frères et sœurs, professeur principal). Ne reste pas seul dans ta souffrance, même si tu ne la comprends pas ou que tu en as honte. Mais si tes proches sont tes premiers soutiens, ils ne peuvent pas remplacer l’avis d’un professionnel de santé. Pour ne pas que ta prépa se transforme en enfer, tu dois impérativement consulter un médecin ou un psychologue. Lui seul pourra te donner des conseils adaptés et te prescrire un traitement.
Se laisser aider n’est pas une démarche évidente, surtout lorsqu’on s’attendait à aimer sa prépa et à réussir rapidement. Ne sois pas dupe de la sérénité de tes camarades : tôt ou tard, ils connaîtront tous des moments de stress. Ce que tu vis dès la rentrée, les autres l’éprouveront lors des concours blancs ou de la khâgne. Essaie au maximum de ne pas te culpabiliser et rappelle-toi qu’une bonne santé est la condition de ta réussite au concours.
En cas de crise, revenir à l’essentiel : l’hygiène de vie
Si tu as tendance à te noyer dans le travail, nous te proposons d’établir des garde-fous précis : huit heures de sommeil, une heure de sport par semaine, une alimentation équilibrée. Peu importe l’avancée de tes révisions, tu dois t’astreindre à une hygiène de vie rigoureuse pour atteindre la ligne d’arrivée.
Tant que tu te sens bien, le reste est secondaire. Nous te conseillons de respecter tes limites de manière absolue jusqu’à la disparition de tes angoisses. Ce cadre rassurant t’aidera à comprendre qu’une bonne santé physique et mentale est ta priorité n° 1. Tant que tu te sens bien dans ta tête et dans ton corps, tout va bien, et le reste est secondaire.
Dernière étape : les copains d’abord
Ne te laisse pas tromper par la concision de ce quatrième point. Loin d’être un détail, il est même absolument essentiel. Les amitiés nouées en prépa sont de véritables piliers jusqu’aux concours (et même après !) Le hic, c’est que lorsque l’on est sous pression, on peut avoir tendance à se replier sur soi et son travail. Reste toujours vigilant sur le temps passé à découvrir les personnes de ta classe et à partager des bons moments avec eux. Il s’agit d’une vraie priorité, au même titre que ton DM de philo ou ta khôlle de lettres ! Cela te permettra de ne pas rater le coche du début de l’année, celui où les étudiants apprennent à se connaître et forment des premières bases de groupes.
À ce sujet, Work hard, Play hard n’est pas seulement un super son pour tes (rares) soirées en prépa. C’est aussi et surtout un très bon état d’esprit à avoir en matière d’amitiés ! Comme le disait mon (formidable) prof de géo, la qualité de ton temps de travail conditionne celle de ton temps de pause. Il faut savoir profiter à 100 % de ses amis pour pouvoir ensuite revenir frais et dispo à son travail scolaire. Faire les deux en même temps, en revanche, ce n’est pas une bonne idée (c’est même mission impossible). Cela n’est pas évident au début, mais avec le temps, tu apprendras à renoncer à la demi-mesure.
Le mot de la fin
La rentrée en hypokhâgne est une période temporaire : dès les vacances de la Toussaint, tu te sentiras déjà plus mûr et confiant qu’en septembre. Il n’y a pas de magie : ce sont les premières difficultés qui te permettront ensuite de progresser. Ton défi, c’est de réussir à les accepter tout en les relativisant au maximum : à l’échelle de tes deux ans de prépa, de tes années d’études, de toute ta vie… Cette khôlle d’histoire ratée de A à Z, tout comme la note abyssale qui l’accompagne, je suis persuadée que tu n’y penseras plus sur ton lit de mort. Pourquoi ? Réponse à dix millions : parce que ce n’est pas l’essentiel (qui est donc, je te le rappelle, la bonne santé et les belles relations).
Franchement, tous les moyens sont bons pour faire baisser la pression, donc n’hésite pas à prendre les grands moyens en cas de coup de stress. Voici, en vrac, quelques suggestions pour relativiser gaiement : sécheresses, guerres mondiales, conflits nucléaires… Franchement, de ce point de vue, tu es un sacré chanceux : l’actualité mondiale te donne les moyens d’être très créatif.
Sur ces heureuses pensées, il ne me reste donc plus qu’à te souhaiter une excellente rentrée en hypokhâgne !