Dans le cadre du programme de philosophie du concours A/L et LSH 2025 portant sur la morale, nous te proposons dans cet article une définition analytique de la notion d’éthique.
Définition commune
Le terme éthique est issu du grec ethos qui signifie mœurs. Dans le sens commun, il s’entend donc comme un synonyme de morale. En ce sens, l’éthique est définie comme l’art ou la pratique ayant pour fin la vie bonne et heureuse.
L’éthique peut ainsi être définie comme une théorie ou une doctrine ayant pour objet la détermination des fins de l’existence humaine, ou les conditions d’une vie heureuse.
L’éthique désigne aussi la réflexion et le travail théorique portant sur des questions de mœurs ou de morale, comme les comités d’éthique.
Définition philosophique
Dans une approche strictement philosophique, le terme éthique est très proche de celui de morale, il en est même un équivalent dans de nombreux textes. L’usage n’a pas produit une distinction univoque et constante entre ces deux notions. Toutefois, au cours de l’histoire de la philosophie, la morale, venue s’ajouter terminologiquement à l’éthique, est entrée en tension avec cette dernière. Les Grecs rapportaient étroitement l’éthique aux mœurs et aux coutumes qui sédimentent, par l’usage social, les finalités et les valeurs inhérentes aux actions humaines. Mœurs et coutumes deviennent en l’homme comme une « seconde nature », sous forme d’habitudes et de dispositions constantes.
Hegel, s’appuyant sur ce substrat, auquel doit cependant s’ajouter une conscience pleine et entière, reproche à Kant son « rigorisme » moral, le caractère abstrait, selon lui, d’un devoir qui consiste essentiellement dans la règle d’universalisation. Pour Kant, le devoir est un « fait de la raison », universellement et immédiatement impératif. Tandis que pour Hegel, la vie éthique réside dans la conformité aux institutions et aux coutumes rationnelles. En ce sens, l’éthique est le fait d’une communauté structurée, la morale le fait de l’individu en tant que raison pratique, en tant que personne.
Certains auteurs s’efforcent de surmonter cette opposition
Confrontant Aristote et Kant, Paul Ricœur définit l’éthique par un point de vue téléologique. Le bien réside dans une fin visée comme ce qui est digne d’estime, tandis que le point de vue kantien serait déontologique ; l’expérience morale étant celle d’un impératif catégorique qui ne relève pas d’une appréciation. La visée éthique, par son lien aux institutions, poserait le problème de la justice, rencontrerait l’obligation morale sous la forme de l’interdiction et se réaliserait dans une sagesse pratique.
On peut considérer que l’éthique est plus proche des déterminations du comportement de la subjectivité vivante des individus, tandis que la morale est l’exigence universelle, irréductible et transcendante. L’éthique s’incarne dans les valeurs, la morale est loi. Par conséquent, l’éthique est rapportée à un ici et maintenant, à une communauté humaine, à un « être ensemble », tandis que le devoir est un impératif d’universalité qui vaut pour lui-même, sans égard au « contexte ». D’où, sans doute, la faveur dans laquelle le premier terme semble être tenu et le discrédit qui frappe le second : en renonçant à l’universel, l’homme choisit l’éthique.
Le Roi Salomon, figure de l’éthique
Le Roi Salomon, fils et successeur de David, est une figure emblématique de l’éthique dans la tradition biblique. Il est l’archétype du roi sage et juste. Salomon est réputé pour son discernement et sa capacité à prendre des décisions éthiques complexes, visant non seulement à respecter la justice, mais aussi à cultiver un idéal de sagesse pratique.
Un exemple souvent cité de cette éthique de la sagesse est le jugement de Salomon dans l’affaire des deux mères prétendant être la mère d’un même enfant. Plutôt que de se fonder sur des lois formelles ou des preuves, Salomon adopte une approche éthique en cherchant à découvrir la vérité humaine sous-jacente. En proposant de diviser l’enfant en deux, il révèle les sentiments véritables des deux femmes, identifiant ainsi la mère légitime par son amour et son sacrifice. Cette décision, qui allie sagacité et bienveillance, illustre une éthique pragmatique et contextuelle, capable de s’adapter à la complexité des relations humaines et de dépasser une justice strictement procédurale.
Philosophiquement, Salomon incarne ainsi une approche téléologique de l’éthique, proche de celle qu’Aristote associerait à la phronesis ou sagesse pratique. Ce jugement ne vise pas l’application d’une règle universelle, mais l’atteinte du bien dans une situation singulière, par un discernement profond des émotions et des motivations des individus. À l’image de ce que Paul Ricœur désigne comme une « visée éthique », Salomon recherche un bien qui transcende les simples normes, en se basant sur une compréhension de l’autre et un souci de la justice.
Une éthique communautaire et contextuelle
Dans cette perspective, Salomon incarne également une éthique communautaire. Il agit non seulement en tant que juge impartial, mais aussi en tant que roi, garant du bien-être de sa communauté. Cette éthique s’inscrit dans le contexte d’une société où la justice est un élément fondamental de la cohésion sociale. Salomon, en incarnant la sagesse, ne se contente pas de faire respecter la loi ; il s’efforce de maintenir l’harmonie et le respect mutuel au sein de son peuple, recherchant un équilibre entre l’exigence de justice et la compassion.
Ce type d’éthique diffère de l’approche kantienne d’une morale purement universelle et impersonnelle, car elle implique une prise en compte des particularités de chaque cas. Salomon ne se réfère pas à un impératif catégorique abstrait, il déploie une éthique adaptable, enracinée dans les réalités humaines. Cette approche, ancrée dans les valeurs et les besoins d’une communauté, rappelle l’idée contemporaine selon laquelle l’éthique doit tenir compte des circonstances et des relations humaines, plutôt que de s’en tenir à des règles générales et rigides.
Conclusion
L’éthique, en tant que réflexion sur la manière de vivre de façon juste et bonne, demeure un domaine en perpétuelle évolution, marquée par des débats philosophiques visant à clarifier sa relation avec la morale, le bien et la justice. Loin de s’opposer de manière rigide, l’éthique et la morale s’enrichissent mutuellement, contribuant ainsi à la recherche humaine de ce qu’Aristote appelait l’eudaimonia, ou vie heureuse, dans une coexistence harmonieuse avec autrui et les normes de la société.
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