vertu

Dans le cadre du programme de philosophie du concours A/L et LSH 2025, nous te proposons dans cet article une définition analytique du concept de vertu.

Sens premier du terme vertu

Le mot vertu est issu du latin virtus, qui signifie « force virile », de vir « homme ». Il désigne la puissance propre d’une chose à produire certains effets. Par exemple, la vertu médicinale des plantes.

Au sens ordinaire, la vertu désigne une disposition réfléchie et volontaire qui porte à faire le bien et à éviter le mal.

Sens philosophique

La vertu est à la fois puissance et renoncement. Toutefois, les morales antiques et non chrétiennes affirment qu’il existe un lien nécessaire entre la vertu et le bonheur. Une vie bonne est non seulement une vie conforme à la vertu, mais également une vie heureuse. Que le bonheur résulte de la vertu, comme pour les stoïciens, ou qu’il en soit la condition, comme chez Épicure, vertu et bonheur sont indissociables. Spinoza s’inscrit dans cette tradition, lorsqu’il définit la vertu comme la puissance qui nous porte à agir « sous la conduite de la raison, d’après le principe de la recherche de l’utile propre » (Éthique, IV).

Tout au contraire, Kant, faisant de la vertu de la force de la volonté en tant qu’elle résiste, par devoir, aux penchants de la sensibilité, disjoint le lien entre vertu et bonheur. Il n’est pas vrai que la vertu soit récompensée. La vertu, alors, n’est pas ce qui nous rend heureux, mais ce qui nous rend dignes (Critique de la raison pratique, I, 2, chap. II).

Sens contemporain

Dans le contexte moderne, la notion de vertu a évolué et est souvent abordée à travers le prisme des valeurs éthiques et des principes moraux. Les vertus sont considérées comme des traits de caractère qui favorisent le bien-être individuel et collectif.

Des philosophes contemporains, comme Alasdair MacIntyre, ont souligné l’importance des vertus dans la construction d’une vie éthique. Ils affirment que la vertu doit être comprise non seulement comme une disposition personnelle, mais aussi comme une pratique sociale enracinée dans des traditions et des communautés.

L’exemple de Louis IX, figure de la vertu

L’exemple de Saint Louis sous son chêne est emblématique pour illustrer le concept de vertu. Saint Louis, roi de France au XIIIe siècle, est souvent dépeint en train de se reposer sous un chêne, entouré de ses sujets, en pleine écoute de leurs préoccupations. Cette image symbolise plusieurs aspects de la vertu.

Sous cet arbre, Saint Louis démontre sa capacité à écouter ses sujets. La vertu de la justice se manifeste ici, car il ne se contente pas de gouverner de manière autoritaire. Au contraire, il cherche à comprendre les besoins et les souffrances de son peuple. Cela souligne l’importance de l’empathie et de la prise en compte des autres dans l’exercice du pouvoir.

La vertu de la sagesse est également présente. En choisissant de se poser sous un chêne, symbole de force et de longévité, Saint Louis montre qu’il privilégie la réflexion et la mesure avant de prendre des décisions. Cela nous rappelle que la vertu ne consiste pas seulement à agir, mais aussi à bien réfléchir aux conséquences de nos actions.

Enfin, cet acte de se rendre accessible à son peuple sous le chêne illustre la vertu de la responsabilité. En tant que roi, Saint Louis se sait responsable du bien-être de son royaume. Sa présence active et son écoute des doléances témoignent de son engagement envers ses sujets, montrant qu’une véritable vertu implique une responsabilité morale envers autrui.

Ainsi, l’image de Saint Louis sous son chêne incarne les différentes dimensions de la vertu : l’écoute, la justice, la sagesse et la responsabilité. Elle nous rappelle que la vertu ne se limite pas à des actions individuelles, mais s’inscrit dans un ensemble de relations humaines, fondées sur le respect, l’empathie et l’engagement envers le bien commun.

Conclusion

Ainsi, le concept de vertu se révèle riche et complexe, oscillant entre la puissance d’agir, la disposition au bien et le défi de la résistance aux passions. Que ce soit dans l’Antiquité, au siècle des Lumières ou dans notre époque actuelle, la réflexion sur la vertu continue de susciter des débats sur son rôle dans la vie humaine et son rapport au bonheur, à la dignité et à l’éthique sociale. Dans ce sens, la vertu apparaît non seulement comme un idéal à atteindre, mais aussi comme un cheminement collectif vers une vie meilleure.