Major Prépa > Préparer les oraux > Méthode clé en main pour réussir les entretiens de personnalité

Après avoir passé deux ou trois ans à trimer pour les écrits, lorsque ceux-ci sont enfin finis et que tu reçois tes résultats d’admissibilité, une épreuve de taille te sépare encore de la tant souhaitée intégration. Je veux bien sûr parler des oraux, dont l’épreuve reine n’est autre que le tant redouté entretien de personnalité. Présent dans toutes les écoles, hormis HEC Paris, l’entretien est hautement coefficienté. Aléatoire selon certaines croyances limitantes, il n’en est rien avec une préparation (très) assidue.
Avant-propos
N’aie crainte ! Les entretiens de personnalité et de motivation, ça se travaille. En effet, tu dois comprendre que c’est le seul exercice académique de prépa dont tu connais déjà toutes les réponses à l’avance (qui de mieux que toi pour te connaître…).
Tout l’enjeu de ta préparation, c’est de savoir te mettre en avant et exprimer ta personnalité de la bonne façon pour te dévoiler face à un jury. Les entretiens de personnalité et de motivation ne sont en fait qu’un simple exercice de maïeutique nécessitant un bon entraînement.
Retrouve ici tout ce qu’il faut savoir sur les oraux 2024 (concours BCE et Écricome post-prépas).
Petite présentation
Avant tout, commençons par une petite présentation. Je m’appelle Jean-Sébastien Duprat et j’ai intégré l’ESCP Business School après trois ans en classe préparatoire à Saint-Jean de Douai (prépa réputée pour la méthode de préparation aux entretiens de personnalité et de motivation très poussée mise en place par Pierre Lemaire et Jules Crépin) avec un magnifique 18/20 à l’entretien de personnalité et de motivation de cette école.
Depuis 2021, je suis devenu coach dans la préparation des étudiants pour les entretiens de personnalité et de motivation pour les CPGE ECG (notamment à Saint-Jean de Douai), mais également dans d’autres organismes de préparation privés pour d’autres voies d’admissions (MSc, AST…). Je coache en moyenne 200 étudiants (différents) par an, je suis donc devenu à l’aise avec les mœurs et les secrets de cet exercice. Pour en savoir plus sur mon parcours ou me poser des questions sur les entretiens de personnalité, tu peux consulter mon LinkedIn, je réponds avec plaisir !
Pour retracer rapidement mon parcours avec l’exercice des entretiens de personnalité et de motivation, en première année, j’étais un élève peu préparé car j’avais peu travaillé la méthode et surtout, je m’autobridais dans mon discours. Je refusais de parler de certains aspects de ma personnalité, sans vraiment m’en rendre compte, donc le jury n’arrivait pas à cerner ma personnalité. En matière de notes (et avec des indicateurs fiables en plus), j’ai eu l’opportunité de passer les oraux de EM Strasbourg et Rennes SB, ça donnait 9 et 11, pas fou.
En deuxième année, j’ai accepté les conseils que mes coachs me donnaient, et surtout, je me suis mis à travailler les entretiens de personnalité et de motivation (et ça m’ a demandé énormément d’introspection). Mais, pas de chance, j’ai passé mes concours de carré en 2020, et qui dit 2020 dit pas d’oraux (coucou, la Covid). J’ai eu la merveilleuse chance de cuber (n’abusons pas non plus) pour peaufiner ma préparation aux oraux. Résultat des courses : 17 à l’EDHEC, 18 à ESCP et 20 à emlyon !
N.B. : Cet article a été enrichi sur la base des conseils de Léo Lorenzo, étudiant à l’ESSEC avec une moyenne d’intégration aux oraux autour de 18/20.
Je t’invite aussi à lire : tous nos articles pour cartonner aux entretiens de personnalité.
Phase I : préparer le discours de l’entretien de personnalité
La préparation du discours de l’entretien se divise en six grandes étapes.
Étape 1 : identification des pièces maîtresses ou des « axes » de ta personnalité
Premièrement, tu dois te préparer des « pièces maîtresses » ou des grands « axes ». J’entends par là des grands piliers constitutifs de ta personnalité qui viendront structurer ton discours. Pour ma part, j’avais cinq axes pour l’entretien de personnalité :
- Ma double culture franco-colombienne, témoignant de mon ouverture d’esprit et de ma curiosité.
- Le théâtre d’improvisation, en rapport avec ma grande sociabilité.
- Mon investissement pour une association de jeunes à mobilité réduite, traduisant mon empathie et mon envie d’aider les autres.
- Ma passion pour les objets connectés, notamment la domotique (ne juge pas ma passion, stp), en rapport avec mon vif intérêt pour les nouvelles technologies.
- Une maladie personnelle + de certains proches, légitimant un intérêt poussé pour le monde de la santé.
À toi de trouver les tiens en fonction de tes expériences. Cela peut être la politique, l’art grec antique… tout et n’importe quoi, du moment que tu as une certaine affinité avec ce que tu évoques. Ces pièces maîtresses/axes devront apparaître dans ton questionnaire (un à l’ESSEC et à l’ESCP à titre d’exemple) et dans ta présentation pour lancer des perches au jury. Si tu as du mal à trouver ces axes, c’est que tu n’as pas fait assez d’introspection. Donc, dans ce cas, fais-toi aider : demande à des proches, famille, amis, formateurs dans ta prépa…
Étape 2 : mise en cohérence de tes grands axes
C’est probablement l’un des points les plus importants et les plus compliqués à mettre en place pour ta préparation aux entretiens de personnalité et de motivation. En tant que coach qui voit 200 étudiants par an, je parle en connaissance de cause. Si la cohérence est parfaitement claire et logique, la note sera forcément élevée. S’il n’y a aucune cohérence, l’entretien sera un calvaire et la note (très) faible.
Donc, une fois que tu as identifié tous tes axes, l’idée va être de les fusionner pour créer un ensemble cohérent et logique.
Petit rappel sur mes pièces maîtresses :
- Ouverture d’esprit et curiosité.
- Grande sociabilité.
- Empathie et envie d’aider les autres.
- Intérêt pour les nouvelles technologies.
- Intérêt pour le monde de la santé.
L’aspect de l’entretien de personnalité qui pourra lier ces axes sera souvent le projet professionnel. À titre personnel, je rêve de travailler dans un GAFAM, et notamment chez Apple. Donc, je me rappelle quand j’étais à ta place, que je faisais mon introspection et que je me demandais comment j’allais faire pour lier toute ma personnalité à mon projet pro et pour convaincre le jury d’une cohérence totale.
Voici mon cheminement mis en place pour mon entretien de personnalité
D’une part, pour la nature de métier que je voulais faire : ouverture d’esprit/curiosité + empathie/envie d’aider les autres = j’ai envie de faire un métier à impact, dans lequel j’aurai du sens dans ce que je fais. Métier à impact + sociabilité = métier à impact avec un fort contact humain.
D’autre part, pour le secteur d’activité de mon métier : nouvelles technologies [objets connectés] + monde de la santé = objets connectés de la santé.
Enfin, en liant la nature du métier avec le secteur d’activité de mon métier : métier à impact avec un fort contact humain + objets connectés de la santé = projet entrepreneuriat dans les objets connectés de la santé [pour aider le quotidien des personnes souffrant d’un handicap].
N’est-ce pas SUPER logique et MÉGA cohérent ?
Étape 3 : structure du pitch de l’entretien de personnalité et de motivation
Le pitch est l’une des parties les plus importantes de l’entretien de personnalité, car rappelle-toi : la première attention est toujours la bonne !
Le pitch doit être un peu comme une « bande annonce » de ta vie dans laquelle tu tends énormément de perches au jury pour ensuite lui susciter l’envie de te poser plein de questions afin d’établir un échange constructif. Tu dois absolument faire preuve de synthétisme et de clarté dans cette partie pour être le plus percutant possible.
Exemple de mon pitch utilisé en entretien de personnalité et de motivation
Ma présentation était la suivante (j’ai mis les pièces maîtresses/axes en gras) :
« Bonjour, puis-je m’asseoir ? (Je commençais comme ça si le jury ne me proposait pas de m’asseoir.) Je m’appelle Jean-Sébastien Duprat, j’ai 21 ans. Ayant la chance d’avoir une mère colombienne et une double nationalité, je me définirais en trois mots : ouvert d’esprit, sociable et empathique.
Sur le plan personnel, j’ai eu la chance de faire 11 ans de piano, ce qui a développé mon ouverture d’esprit, cinq ans de théâtre d’improvisation, ce qui m’a montré mon côté sociable, et je me suis également investi pour une association qui aide des jeunes à mobilité réduite, ce qui a prouvé que je suis quelqu’un d’énormément empathique et qui adore aider les autres. Cet investissement pour cette association, je le tiens d’une cause personnelle qui me tient à cœur. En effet, j’ai combattu une maladie toute mon enfance et, aujourd’hui, j’en suis presque guéri. Cela ne peut que confirmer mon caractère persévérant.
Parallèlement, j’éprouve un fort intérêt pour les nouvelles technologies, et plus particulièrement les objets connectés. C’est pourquoi sur le plan professionnel, mon fort attrait pour les objets connectés et celui du monde de la santé me pousse naturellement à vouloir m’investir pour le domaine des objets connectés de la santé, notamment pour aider les personnes en situation de handicap à améliorer leur quotidien. Mais pour cela, j’aurais besoin de votre école [discours de motivation sur l’école …] »
À toi d’adapter ta présentation lors de ton entretien de personnalité en fonction de tes pièces maîtresses.
Étape 4 : être concret (méthode des anecdotes)
Tu te dois de préparer des anecdotes pour ton entretien de personnalité. Il s’agit de discours tout faits que tu te répéteras jusqu’à atteindre une parfaite maîtrise, que ce soit seul(e) en te filmant ou bien lors de tes entraînements. Je reviendrai sur ces derniers dans la suite de l’article. Il te faut une anecdote par pièce maîtresse, voire par expérience. Évidemment, n’hésite pas à enjoliver la réalité. Attention, je ne te dis pas de mentir en inventant une histoire de A à Z, c’est bien trop risqué si le jury s’en rend compte. L’idée est de rendre quelque chose a priori banal, intéressant. Prenons un exemple concret.
Admettons que j’ai fait du volley pendant deux ans. Ainsi, une de mes anecdotes disait que durant un match, j’avais fait preuve de leadership, ce qui était faux. Mais j’avais fait du volley, j’avais joué ce match. La majeure partie de l’histoire était vraie. Par ailleurs, il est important de bien structurer les anecdotes. Le modèle CMARA est assez efficace pour cela : Contexte, Missions, Actions, Résultats, Apports.
Exemple de mon anecdote
Contexte
Un samedi matin, mon équipe et moi avions un match dans le cadre de la demi-finale de la Coupe interdépartementale de volley. C’était un match très important pour nous puisqu’il nous permettait de nous qualifier pour la finale interdépartementale. Nous sommes donc arrivés tôt le matin, motivés.
Or, nous avons été surpris quand nous avons appris que notre entraîneur avait un empêchement et ne pouvait donc venir.
Missions
Gagner, malgré l’absence de notre entraîneur pour aller en finale, ce qui signerait l’aboutissement de plusieurs semaines d’efforts.
Actions
Arrivés au deuxième set, nous sommes menés 1 set à 0. Nous sommes en train de perdre le deuxième set. Je prends une décision. Je demande un temps mort puisque l’entraîneur n’est pas là pour le demander. Je me souviens avoir motivé mes camarades de trois façons :
- Imaginez que nous sommes au lycée (nous étions ensemble à l’AS du lycée, donc avions l’habitude de jouer ensemble au lycée).
- On ne s’est pas levés pour rien.
- Le pointu adverse est mauvais en réception, il faut lui servir dessus.
Résultats
On a gagné ce set et le suivant en appliquant cette stratégie.
Apports
Ne jamais abandonner, toujours y croire et faire preuve de leadership. C’est d’ailleurs pareil dans le milieu professionnel.
Ici une perche est tendue vers le milieu professionnel, assure-toi donc de pouvoir répondre à la question sur l’importance du leadership au travail.
Ce qu’il faut en retenir
L’anecdote est claire et précise. Elle n’est certes pas exactement vraie, mais elle est efficace. Il faut vraiment s’assurer que le contexte et les apports sont clairement posés et définis. Avec cette anecdote, je pouvais développer ma pièce maîtresse sur le volley, répondre à toutes les questions annexes en rapport avec l’échec, le leadership, le collectif…
Dernière chose : fais en sorte que ça ne se voit pas que tu l’as préparée en avance. Avant de dire l’anecdote, regarde en l’air, hésite, comme si tu réfléchissais. Évidemment, ce n’est pas le cas, tout a déjà été préparé. Et n’oublie pas : sois concret(e) ! Le but des anecdotes est d’apporter du concret à ton entretien de personnalité. Cela évite que ce soit ennuyeux.
Étape 5 : questions classiques des entretiens de personnalité
Tu te dois de verrouiller les questions classiques. Elles sont nombreuses, mais voici celles que j’avais pu recenser pendant ma préparation :
– Parlez-moi d’une expérience où vous avez fait preuve de leadership.
– Parlez-moi d’une expérience où vous avez réussi à convaincre un groupe.
– Parlez-moi d’une expérience où vous avez dû relever un défi.
– De quoi êtes-vous le plus fier ?
– Pourquoi avez-vous choisi le conseil ? (À adapter selon le projet professionnel.)
– Comment une entreprise peut-elle générer du cash rapidement ?
– Trois qualités, trois défauts.
– Pourquoi vous ?
– Pourquoi cette école et pas une autre ?
– Avez-vous déjà connu l’échec ?
– Comment vous voyez-vous dans 10 ans ?
– Que lisez-vous en ce moment ou qu’avez-vous lu dernièrement ?
– Question wtf : Combien de balles de football peut-on mettre dans un sous-marin à votre avis ? Montre que tu comprends que c’est wtf et fais preuve de logique. Par exemple, il est possible de répondre : « Un sous-marin, ça fait à peu près 50 mètres de longueur et 15 de large. Très bien, une balle de foot, ça fait… ». C’est rare comme question mais sur le principe, il faut questionner le problème, montrer que tu réfléchis.
– Acronyme des écoles.
– Faites-nous rire.
– Valeur que vous respectez.
Étape 6 : se renseigner sur les écoles
Renseigne-toi sur les écoles. Tu peux utiliser Internet, mais le mieux à mon sens est de contacter des anciens élèves. Cherche des informations en priorité sur les écoles que tu vises.
Tu ne sais pas si tu vas être admissible à l’ESSEC, mais tu veux vraiment l’intégrer ? Renseigne-toi dessus.
Phase II : s’entraîner à l’entretien de personnalité
Maintenant que ton discours est bien préparé, le temps est venu de t’entraîner. Alors, certes, il est très probable que ton lycée, ta prépa, ton organisme organise des préparations aux oraux, mais celles-ci sont souvent vite prises d’assaut. Ainsi, il faut absolument que tu te trouves un partenaire avec qui tu vas t’entraîner à passer les entretiens pour tester ton discours préparé durant la phase I.
Il faut bien choisir ton camarade. Vous devez bien vous connaître pour oser vous dire les choses. Concrètement, ton ami doit être capable de te dire : « C’était éclaté au sol mon reuf, tu dois travailler à nouveau ce point… ». Il est important que l’un fasse passer l’autre, lui communique une reprise détaillée pour enchaîner dans l’autre sens. Vous pouvez faire ça en présentiel ou bien en distanciel.
Dans le feu de l’action
Après plusieurs semaines à préparer tes entretiens de personnalité, l’heure est venue ! Les résultats d’admissibilité sont tombés, il est l’heure d’aller passer les oraux. Je ne vais pas te dire d’être calme et serein(e), c’est quasiment impossible. Après deux à trois ans de travail, tu arrives enfin dans l’école de tes rêves, le stress est donc palpable.
Pour autant, tu vas avoir une mission de la plus grande importance : ne pas commettre d’erreurs rédhibitoires. J’entends par là des erreurs qui te font perdre toute crédibilité aux yeux du jury, ayant pour conséquence un brutal abaissement de ta note.
Quelques exemples d’erreurs
La principale erreur est de te contredire, de ne pas être cohérent(e). Une bonne préparation limite ce risque, mais ne garantit pas de ne pas tomber dans ce piège.
Par exemple, un de mes amis m’avait parlé de son entretien à l’ESSEC et de son erreur à la question : « Qui admirez-vous ? » Il avait pourtant préparé cette question, qui d’ailleurs peut se présenter sous plusieurs formes (« Avec qui voudriez-vous aller dîner », « Quelle personnalité vous inspire ? »…). Il avait répondu « Michel Onfray », alors qu’il ne le connaissait à vrai dire pas très bien. Les jurys ont rebondi sur le fait qui leur semblait que celui-ci virait extrême droite dans ses discours, ces derniers temps. Il ne voyait pas de quoi ils parlaient et il a bégayé, alors qu’il aurait pu simplement répondre quelque chose du type : « À vrai dire, l’inclinaison politique de Michel Onfray m’importe peu, je l’admire en tant que philosophe. Par exemple, son livre nommé X m’a beaucoup intéressé, car… »
Parfois, il faut changer de sujet et revenir à quelque chose qui t’arrange. Bref, évite de te faire piéger bêtement comme ça. Tout ce que tu dis, tu dois pouvoir le défendre.
Par ailleurs, évite vraiment de mentir. J’entends par mentir le fait d’inventer une histoire de toutes pièces. Il n’y a pas de mal à enjoliver la réalité, comme il faut le faire dans les anecdotes, puisque cela parle de quelque chose de vrai. Le mensonge, s’il est découvert par les jurys, aura pour conséquence de réduire considérablement ta note. Il y a d’ailleurs moyen qu’après cela, tu puisses la compter sur les doigts d’une main.
Quelques spécificités, école par école, tirées de l’expérience de Léo Lorenzo
Au cours de ses oraux, il a passé quatre écoles : ESSEC, ESCP, EmLyon et EDHEC. Passer des écoles est très éprouvant. Ainsi, économise-toi, nul besoin de passer plus de cinq écoles à mon sens. Voici quelques conseils tirés de mon expérience personnelle.
L’entretien de personnalité à l’ESSEC
Les jurys sont assez incisifs, il ne faut donc pas perdre son sang-froid. Deux anecdotes à ce sujet. Tout d’abord, ils m’ont coupé en pleine présentation, alors que je venais de parler du volley, pour me signifier qu’il ne s’agissait pas d’un sport. En effet, celui-ci se jouerait seulement en été sur la plage. La réponse à cette attaque était facile : je parlais du volley et non du beach-volley, quoique même le beach-volley reste un sport. Cela peut déstabiliser, il est important de ne pas perdre ses moyens. Heureusement, je maîtrisais bien ma présentation et j’ai pu la reprendre convenablement.
Deuxièmement, quand j’ai mentionné que je venais d’un collège classé REP (réseau d’éducation prioritaire), ce qui est une forme de fierté au regard de mon parcours, un des jurys m’a demandé : « Pourquoi vous nous dites ça ? ». Il y a donc indéniablement une volonté de déstabiliser et même parfois de casser. Reste donc calme et ne te laisse pas intimider.
La mise en situation
Par ailleurs, j’aimerais parler de la mise en situation. Elle dure 5 à 10 minutes en fin d’entretien et est facultative, certains jurys la font, d’autres non. L’idée est de mettre le candidat dans une situation et de voir sa réaction. Par exemple, j’avais eu : « Vous êtes stagiaire sur un chantier et votre maître de stage crie sur les ouvriers en leur assenant qu’ils sont trop faibles physiquement. Que faites-vous ? ». Il ne faut pas hésiter à prendre quelques minutes pour réfléchir.
Pour ma part, je n’ai pas très bien réagi. J’aurais dû m’indigner et je ne l’ai pas fait. Ce qu’il faut comprendre, c’est que les écoles attendent une certaine posture venant des candidats. Celle du gentilhomme, attaché à des principes moraux et vertueux. Ainsi, face à un tel maître de stage, il faut déjà s’indigner, montrer au jury que tu trouves une telle attitude inappropriée, puis indiquer clairement comment tu t’y prendrais pour négocier avec le maître.
À noter qu’il faut faire comme si tu étais dans la situation. Ne pas dire « Je dirais au maître de stage… », mais « Monsieur, je me permets de vous signaler que la façon dont vous vous adressez aux ouvriers n’est pas adaptée. En effet… ». Imagine qu’en t’adressant au jury, tu t’adresses au personnage fictif de la mise en situation.
Le questionnaire de personnalité à l’ESSEC de 2021
J’ai mentionné plus haut qu’il y a un questionnaire à l’ESSEC, voici celui de 2021.
Rencontre avec le jury
- De quels sujets désirez-vous parler plus particulièrement ?
- De quels sujets ne souhaiteriez-vous pas parler ?
- Aimeriez-vous poser des questions au jury ? Lesquelles ?
Activités extra-académiques
- Quelles activités privilégiez-vous ? Quels sont vos centres d’intérêt ?
- Pratiquez-vous des sports ? à quel niveau ?
- Avez-vous séjourné à l’étranger ? dans quel pays ? combien de temps ? pour quelles raisons ?
- Avez-vous déjà effectué un travail rémunéré ? lequel ?
Valeur
- Quelle est la valeur à laquelle vous croyez le plus ? Justifiez brièvement votre réponse.
L’entretien de personnalité à l’ESCP
En ce qui me concerne, les jurys ont été très gentils et n’ont pas cherché à me mettre en difficulté. Mais ce n’est pas toujours le cas, un ami m’a dit que ses jurys avaient été très agressifs. Il est important de noter que même si les jurys sont très gentils, tu n’es pas à l’abri d’une mauvaise note.
Je pense que ma principale erreur a été de ne pas aller chercher le jury, de rester dans ma zone de confort. En fait, à l’ESCP, il y a un questionnaire à remplir et il peut arriver que les jurys le suivent à la lettre, ce que mes jurys ont fait. Il faut donc faire attention à ne pas seulement se contenter de répondre mécaniquement avec des réponses toutes prêtes. À mon sens, si le jury te teste, cherche à te mettre en difficulté en plus du questionnaire et que tu réagis bien, cela peut être positif.
Tu peux voir à quoi ressemblait le questionnaire de l’ESCP 2021 en cliquant ici. Tu peux aussi aller lire nos conseils pour briller à l’entretien de l’ESCP.
L’entretien de personnalité à l’EDHEC
À l’EDHEC, contrairement à la plupart des écoles, les oraux représentent un coefficient 25 et non 30. À noter que les entretiens représentent 15 points de coefficient, ce qui est colossal. Il est donc absolument nécessaire de bien réussir les entretiens. Une bonne note assurant l’admission et une moins bonne la rendant plus complexe.
Les conseils sont similaires à ceux que j’ai pu donner précédemment. Il faut pour autant prendre en compte deux choses.
Première chose
Tout d’abord, la présentation à l’EDHEC doit durer cinq minutes, elle est chronométrée. C’est long, donc pense bien à rallonger ta présentation si nécessaire et à te tester chronomètre en main.
Par ailleurs, les jurys vont donner un mot en début d’épreuve, n’importe lequel (torchon, mécanique, bureau…) et te laisser une minute pour réfléchir sur la façon dont tu pourrais l’incruster dans ta présentation. Encore une fois, il faut rester calme, réfléchir posément et tu arriveras nécessairement à placer ce mot dans ta présentation.
Deuxième chose
Deuxièmement, il n’y a pas de questionnaire à l’EDHEC. L’entretien se veut donc plus spontané. Ma bonne note vient du fait que j’ai réussi à faire face à toutes leurs questions de façon convaincante et cohérente. « Quels cabinets de conseil connaissez-vous ? », « Comment vous pourriez make an impact (devise de l’école) à l’EDHEC ? » Les pièces maîtresses et le travail de recherche approfondie sur les écoles te permettront de répondre correctement à ce type de questions.
Par exemple, pour la deuxième question, j’ai parlé de l’aspect RSE de la Junior Entreprise de l’école, et j’ai dit que je pourrais avoir de l’impact en l’intégrant et en cherchant à accroître encore davantage son engagement social et environnemental, notamment en poussant les autres JE des autres écoles à faire de même.
Autre élément non négligeable, l’entretien EDHEC comporte une partie collective composée de six personnes ! Vous devez réfléchir à une étude de cas et trouver une solution commune, le jury vous observe débattre…
Dernière chose. Par pitié, évite de dire ESSEC au lieu d’EDHEC, ça se ressemble certes, mais ça craint. Paraît-il qu’un admissible l’a dit alors qu’il n’était pas admissible à l’ESSEC.
L’entretien de personnalité à l’emlyon
Le format d’entretien à l’emlyon est particulier. Comme à l’EDHEC, il n’y a pas de questionnaire. En revanche, entre le jury et toi, il y a des cartes de quatre couleurs différentes. Tu dois en choisir une de chaque couleur. Au dos de celles-ci se trouve une question. Tu vas devoir y répondre pour chaque carte, dans l’ordre que tu veux.
Ici, les pièces maîtresses sont très utiles, elles peuvent te permettre de répondre facilement à une question. Par exemple, j’avais eu une question à propos d’un moment qui m’avait mis en difficulté, j’ai tout de suite parlé de mon anecdote sur le théâtre. Je parlais d’un trou de mémoire que j’avais eu sur scène le jour de la représentation.
Pour autant, il ne faut pas avoir peur d’improviser. Bien qu’ayant fait une ES pour faire ensuite une E, j’apprécie les mathématiques et je l’ai mentionné à un moment donné dans l’entretien. Or, le hasard a fait qu’un des jurys était mathématicien. Il m’a posé la question suivante : « Quel est votre théorème préféré ? ». Cela m’a surpris et je n’ai pas trop su quoi répondre, je lui ai dit : « le théorème de la bijection ». Rien de brillant.
S’arrêter là aurait été une erreur, le jury aurait été déçu. J’ai donc décidé de rebondir : « Ce qui me plaît en mathématiques, ce n’est pas tant les théorèmes, mais plutôt le raisonnement que l’on fait dans les exercices surtout dans ceux d’algèbre ». Puis, j’ai enchaîné en parlant d’un exercice d’oral HEC d’algèbre que j’avais préparé avec mon professeur de première année et dont le raisonnement était extrêmement intéressant. Je pense que ça leur a plu. Cela rejoint l’exemple précédent avec Michel Onfray : il ne faut pas hésiter à aiguiller le jury vers ce qui t’arrange, en restant quand même dans le sujet de la question !
Ce qu’il faut en retenir
Quand quelque chose te plaît vraiment, tu auras toujours quelque chose à dire, n’hésite pas à t’éloigner des sentiers battus et à improviser. On te demande quel est ton joueur préféré au volley, mais tu ne sais pas quoi répondre ? Tu dis que ce qui te plaît au volley n’est pas le monde professionnel mais le collectif, et tu enchaînes sur une anecdote déjà préparée. Guide le jury et emmène-le là où tu es à l’aise.
Conclusion
Ce qu’il faut retenir, c’est que les entretiens de personnalité, ça se travaille. Essaie de t’y mettre le plus tôt à l’avance, car il y a un énorme besoin d’introspection pour faire ressortir les axes de ta personnalité et rendre le tout cohérent. Si tu commences au début de l’année, c’est parfait. Sinon, tu as le temps de t’y mettre entre la fin des écrits et le début des oraux. Prépare-les sérieusement, tu ne seras pas déçu(e). En effet, quoi de pire que de passer à côté de l’école de tes rêves à cause des entretiens ?
J’espère que cet article t’aidera à y voir plus clair et surtout qu’il te permettra de cartonner, te permettant donc de passer d’admissible à admis et de « transformer l’essai ».