Dans cette série de plusieurs articles, Major-Prépa te propose de revenir sur l’oral de Culture et sciences humaines (CSH) d’HEC Paris, une épreuve trop souvent incomprise qui permet en réalité à tous les candidats de faire montre de leur culture, de leurs capacités de réflexion ainsi que de leur finesse d’esprit. Cette première séquence se propose de revenir sur le format de l’épreuve, son déroulement et ses attentes.
Format de l’épreuve de CSH d’HEC Paris
La forme de l’épreuve
L’épreuve se présente sous la forme habituelle d’une colle en classe préparatoire : le candidat se voit attribuer un sujet qu’il doit traiter en une demi-heure et rendre sous la forme d’un exposé d’une dizaine de minutes (sur la forme d’une dissertation menée à l’oral, trois parties composées de trois sous-parties) suivi d’un entretien avec le jury pour la même durée. Sa particularité tient à ce qu’il ne repose pas sur un programme balisé qu’il s’agirait d’apprendre et de maîtriser en vue de l’épreuve : c’est une épreuve tout simplement hors programme.
Plus précisément, sa particularité tient à la forme déroutante que peuvent avoir les sujets (tout comme les oraux d’HEC en général) : il peut s’agir de sujets uni-notionnels (un déterminant et un mot ou son pluriel, plusieurs mots), de citations, connues ou non et tirées de l’ensemble de la production littéraire ou philosophique de l’histoire, d’adages… Le jury est maître est pioche dans une base de sujets tout aussi variés que surprenants (les rapports de jury comportent une section où sont listés nombre de sujets tombés durant l’année).
Pas de panique pour autant, l’exercice en lui-même et ses attentes sont compréhensibles et tout candidat qui a effectué un travail préalable sur l’épreuve et qui s’est entraîné est en mesure d’obtenir une note satisfaisante (comprendre, dans le cas des oraux d’HEC : au-dessus de 10) sinon non éliminatoire (au-dessus de 8).
Premières attentes
L’épreuve est souvent l’objet de fantasmes de la part des étudiants qui s’imaginent qu’elle vient sanctionner une vie d’ermite passée à étudier les grands classiques et les textes des Anciens. Beaucoup se censurent en partant du principe que, manquant de connaissances en culture générale (si trop peu de classiques ont été lus, si la culture philosophique manque, si le candidat ne connaît rien aux grands mouvements littéraires et de pensée), l’épreuve sera une catastrophe et leur fermera les portes d’HEC.
Pour autant, si l’épreuve est bien là pour permettre au candidat de mettre en valeur ses connaissances et sa culture générale, elle sert surtout ceux qui en profitent pour faire montre de leurs qualités de réflexion, de clarté et d’honnêteté intellectuelle. Ces trois derniers points sont des qualités que tous les préparationnaires peuvent travailler et acquérir durant l’ensemble de leur préparation, et ce peu importe leur lycée d’origine et leur niveau de départ. Un des piliers de l’évaluation est par exemple la capacité à faire une présentation de 10 minutes (9-11 minutes en réalité), avec un plan structuré et un vrai cheminement de pensée.
De surcroît, le jury a changé en 2021 et il semblerait que les axes d’évaluation de la prestation des candidats aient, eux aussi, changé : plus de « Ajax » ou de sujets horriblement fermés, le jury cherche dorénavant à évaluer les capacités de réflexion du candidat et à rencontrer des jeunes cultivés et ouverts d’esprit.
Déroulement de l’épreuve de CSH
Comme lors des colles de géopolitiques ou de culture générale habituelles, l’étudiant récupère son sujet auprès du jury et prépare durant le temps accordé dans une salle à part avec un surveillant. Au bout de 30 minutes, il est appelé et va présenter son travail face au jury. Chaque sujet est traité simultanément par plusieurs étudiants (au moins 3) de façon que les sujets difficiles soient plus facilement détectables par les jurys et à permettre une notation plus juste. Pas de panique si le sujet semble démesurément précis, ou inabordable, les autres candidats qui y sont confrontés font face aux mêmes problèmes.
L’exposé est suivi d’un entretien avec le jury qui porte sur le contenu de l’exposé même. Le jury aborde généralement différents points de l’exposé pour demander une clarification, un approfondissement ou pour poursuivre la réflexion. Par exemple, le jury peut estimer que le candidat était sur une bonne piste dans un de ses axes de réflexion et chercher à le guider pour l’amener plus loin, solliciter ses capacités de réactivité et de dialogue. Il peut aussi choisir de creuser une référence, lui demander de parler du mouvement culturel ou littéraire associé.
Il est aussi courant que le jury demande au candidat si d’autres champs de la culture générale ne pourraient être explorés pour apporter une nouvelle dimension au sujet (pouvez-vous me citer un film en rapport avec le sujet ? pourquoi ce sujet occupait-il une telle importance à cette période ? en quoi le sujet est-il à rapprocher à tel mouvement littéraire ?) en lui donnant l’opportunité, une fois de plus, de faire montre de sa culture générale, de sa finesse d’esprit et de sa réactivité.
Les attentes de l’oral de culture générale HEC
Le rôle central mais non déterminant des références
L’oral de CSH demande donc au candidat de piocher dans sa culture personnelle qu’il s’est véritablement appropriée durant sa préparation et, plus largement, toute sa vie. Tous les exemples culturels sont bons à prendre dans la mesure où ils témoignent d’une appropriation personnelle et d’une réflexion sincère : si le jury sent une appropriation partielle ou du naming d’exemples banals, il se fera un plaisir d’appuyer dessus lors de l’entretien et de mettre au jour la faiblesse du raisonnement du candidat.
Aussi vaut-il parfois mieux développer ses idées et son raisonnement sans l’appui de références culturelles (sur une sous-partie par exemple, voire plus) ou encore de se contenter de deux sous-parties largement développées dans une partie que de se réfugier dans des références mal maîtrisées et mal reliées au propos global. Il faut toujours privilégier l’usage de références réellement connues et maîtrisées : cela permettra de faire vivre l’entretien, d’avoir un réel débat et et une réelle discussion culturelle avec le jury.
Pourquoi l’épreuve de CSH est mieux construite qu’un entretien de personnalité
De surcroît, l’épreuve vient véritablement récompenser la prise d’initiative et la diversité des exemples et des champs de la culture d’où ils proviennent, il ne faut de ce fait pas hésiter à convoquer des références cinématographiques, picturales, de l’histoire des sciences ou de l’art, de l’actualité culturelle, bref, solliciter la culture acquise tout au long de votre vie et de votre préparation pour démontrer à votre jury que vous êtes capables de tenir une réflexion personnelle et fondée et que vous êtes une personne qui a pris le temps de se cultiver ! C’est en ce sens que l’épreuve est véritablement abordable pour tous les étudiants en classe préparatoire qui ont, durant toute leur préparation, appris à apprécier la littérature, la philosophie et qui ont donné du leur.
En un mot, le jury attend durant l’épreuve de vivre une expérience humaine avec l’étudiant, de le rencontrer (souvenez vous que les oraux d’HEC ne proposent pas d’entretien de personnalité) et qu’il leur livre une part de soi à travers un exposé clair et concis qui témoigne de sa culture, de ses goûts et de sa façon de penser.
Les autres articles de la série sont disponibles. Tu peux retrouver ici celui qui traite de la préparation à l’épreuve lors des deux années précédant les concours, et ici un sujet tombé traité et analysé dans son détail.
Je t’invite aussi à consulter des sujets déjà traités sur Major-Prépa :“Tout ce que je suis, je le dois à l’Etat”; “Avons-nous un corps ?”; “Rien de nouveau sous le soleil”; “La cruauté”; “L’indicible”.
PS : cette série d’article se fonde sur mon expérience et ma préparation personnelle et avec le corps professoral du lycée Montaigne de Paris (qui ne voit que très rarement des étudiants admissibles à HEC), et m’a permis d’obtenir la note de 17 le jour J lors de mon oral ! Elle se nourrit aussi des témoignages d’autres étudiants ayant brillé durant l’épreuve et ayant à cœur de transmettre leurs expériences !
