Major Prépa > Préparer les oraux > Témoignage : se préparer aux oraux de l’ENS de Lyon en deux semaines

Les résultats de l’ENS sont tombés, tu es admissible, mais tu ne t’y étais pas préparé(e) ? Déjà, bravo à toi ! Major-Prépa a interviewé pour toi Elliot, qui s’est retrouvé dans cette situation en juin 2024. Voici donc tous les conseils d’un intégré de l’ENS pour survivre et réussir haut la main les oraux de l’ENS de Lyon !
Hello, Elliot, pour commencer, peux-tu nous présenter ton parcours ?
Salut, je m’appelle Elliot et j’ai 20 ans ! Avant de rentrer en prépa, j’ai passé le bac dans un lycée de banlieue parisienne avec les spécialités SES et HGGSP – j’avais abandonné la spécialité HLP en première. En parallèle, j’ai préparé le bac américain pendant quatre ans, ce qui m’a permis d’acquérir un solide niveau en anglais. Je suis ensuite entré en classe préparatoire littéraire au Centre Madeleine Daniélou, en me spécialisant en anglais en khâgne. J’ai finalement intégré l’ENS de Lyon en série Langues Vivantes, au terme de ces deux années de prépa.
Quel était ton niveau/profil en prépa ?
J’avais un profil assez normal, sans lacune particulièrement handicapante. Aux concours blancs, mes notes s’étalaient de 8 à 12 dans la plupart des matières. Mais j’avais quand même des points forts et des points faibles. Par exemple, j’étais moyen en lettres et en philosophie, je n’ai jamais dépassé le 10/20 dans ces matières avant les écrits. En revanche, je m’en sortais en anglais et en histoire, où je tournais autour de 13-14. Ce qui comptait, ce n’était pas tellement de taper très haut, mais d’avoir un niveau assez homogène avec quelques matières fortes.
Pour donner une idée plus précise de mes résultats, j’étais arrivé 12e au premier CB de khâgne, puis 19e au deuxième. On nous disait qu’il était envisageable d’être admissible à l’ENS si on se situait dans la première moitié de la classe, même si je n’y croyais pas vraiment.
Je tiens à préciser que le travail à l’année paie réellement aux concours et que j’ai obtenu des notes que je n’avais jamais eues au cours de ma prépa. Il ne faut vraiment pas baisser les bras et plutôt continuer à travailler en prenant en compte les conseils donnés.
Tu ne t’attendais pas à être admissible ?
Non ! D’ailleurs, je présentais aussi les six premières écoles du concours de la BCE (écoles de commerce), l’ENS de Paris-Saclay, les IEP, et je pensais ne rien avoir. C’est ce qui fait que je n’avais pas du tout travaillé les oraux de l’ENS en amont. Pour ce qui est de la BCE, je ne m’étais pas non plus avancé, et je me disais que, si j’étais admissible, je miserais tout sur l’anglais et l’entretien de personnalité qui se travaillent vite et où je me débrouille bien. Au final, j’ai été admissible aux ENS de Lyon et de Paris-Saclay, à l’emlyon, l’EDHEC, l’ESCP, et aux deux IEP auxquels j’avais candidaté.
Une fois les résultats d’admissibilité tombés, comment as-tu fait pour organiser ton travail et rattraper ton retard ?
Ma première réaction a été de téléphoner à ma marraine de prépa qui s’était retrouvée dans la même situation un an avant moi. Elle m’a notamment conseillé d’établir des priorités dans mon travail. C’est pour cela que j’ai abandonné la préparation des oraux de l’ENS de Paris-Saclay, de Skema et des IEP pour me concentrer exclusivement sur l’ENS de Lyon.
En plus de sélectionner les oraux que je voulais passer, j’ai aussi classé les différentes matières selon leur coefficient. Je savais que le coefficient de l’épreuve d’explication de texte littéraire était de 1,5 et celui des épreuves de spécialité de 2,75. Je me suis donc concentré en grande partie sur ces matières.
Et comment as-tu fait sur le plan méthodologique ?
J’avais beaucoup de retard à rattraper, notamment pour l’oral de sciences humaines, puisque je n’avais ni lu les œuvres au programme, ni pris les cours, ni passé de colle avant l’admissibilité. Néanmoins, l’épreuve est seulement coefficient 1, donc je ne l’ai travaillée qu’à hauteur de 1 h-1 h 30 par jour grâce aux fiches de lecture mises en commun par les autres admissibles de ma prépa. J’ai aussi passé trois colles. Finalement, ça n’est pas l’oral que j’ai le mieux réussi, mais j’ai pu sauver les meubles tout en me concentrant sur les matières à gros coefficient.
J’ai aussi pu passer des colles dans presque toutes les matières. Le plus important, c’était de maîtriser la méthode, mais ça s’est fait assez naturellement (je n’avais pas passé d’oral d’anglais presse depuis l’hypokhâgne, mais la méthode se réapprend facilement, surtout qu’elle n’est pas radicalement différente de l’oral d’anglais des écoles de commerce). Sinon, on peut se référer aux rapports de jury qui donnent des indications plutôt précises (sur le fond comme la forme – par exemple, ils nous mettent en garde contre des choses basiques, comme la gestion du temps et du volume de la voix, facteurs que l’on peut rapidement oublier si on se laisse prendre par le stress).
Comment as-tu fait pour combiner la préparation des écoles de commerce à celle de l’ENS ?
J’avais la chance d’être en spécialité anglais, ce qui m’avantageait beaucoup pour la maîtrise de la langue pour les oraux des écoles de commerce et de l’ENS.
Sinon, pendant ma période de préparation des oraux, j’arrivais à découper la journée en deux. La plupart du temps, je révisais l’ENS le matin, car c’était là où j’étais le plus performant. Je me penchais sur les écoles de commerce entre 12 heures et 14 heures, puis je rebasculais sur l’ENS. En y repensant, ça m’a véritablement permis de bien gérer la masse de travail.
D’ailleurs, cumuler la préparation des écoles de commerce et celle de l’ENS est absolument possible. J’ai été admis à toutes les écoles dans lesquelles j’étais admissible (emlyon, EDHEC, ESCP) ainsi qu’à l’ENS.
Comment s’est passé ton tour de France ?
Mes oraux étaient bien répartis sur trois semaines, sans se chevaucher, ce qui fait que je n’ai pas eu de « choix » à faire (par exemple entre l’ESCP, dont les dates d’oraux sont imposées, et l’ENS, dont les dates sont difficiles à déplacer). Le plus compliqué pour moi, ça a été de gérer la logistique, c’est-à-dire prendre les billets de train et s’occuper de la nourriture – c’est quelque chose qui arrive vite au second plan lorsque l’on se concentre sur la préparation académique des oraux.
Au-delà de cela, je n’étais pas trop stressé : je ne m’attendais à rien pour l’ENS, donc j’y suis allé en me disant que je donnerai tout, et que « tant mieux si ça marche, mais au pire, j’irai ailleurs ». J’avais aussi la chance d’avoir pu calculer ma moyenne à l’ENS grâce à mes notes à Skema, et je savais que j’avais pas mal d’avance à l’écrit, ce qui m’a permis de partir serein.
Sinon, le contact direct avec les différentes écoles m’a fait aussi réaliser certaines choses. Par exemple, les oraux de l’emlyon m’ont fait me rendre compte que j’étais beaucoup plus intéressé par ce que proposait l’ENS que par les écoles de commerce. Les oraux sont vraiment une période durant laquelle on en apprend sur soi et sur ses choix !
Y a-t-il quelque chose que tu aurais aimé savoir à l’avance sur les oraux ?
Oui, mais plutôt sur le plan technique. Par exemple, à l’ENS, on tire notre sujet au sort en prenant une enveloppe parmi les trois qui nous sont présentées. C’est un peu déroutant, et surtout, ça m’a parfois fait culpabiliser d’avoir choisi une enveloppe qui renfermait un sujet que je n’avais pas apprécié. Évidemment ça ne change pas grand-chose, mais ça reste surprenant, surtout la première fois.
Toujours à l’ENS, j’avais oublié que les logements mis à disposition sur le campus ne possédaient ni draps ni oreillers – ce qui a posé un problème assez particulier, notamment pour dormir confortablement.
Et comment était le jury de l’ENS ?
J’ai trouvé que le jury était très bienveillant. Certes, en lettres, il a beaucoup plus appuyé sur les défauts de mon oral lors des questions mais, en même temps, je n’avais pas su définir ce qu’était une diérèse… Sinon, il ne faut pas monter en pression. Le jury n’était globalement pas déstabilisant, en tout cas, pas plus qu’au cours de mes colles en prépa.
Quels conseils donnerais-tu pour passer un bon oral ?
À titre personnel, j’avais repris la plupart des conseils qu’on m’avait donnés pour les entretiens de personnalité des écoles de commerce : être gentil, souriant, se forcer à parler fort et à articuler, bien regarder les différents membres du jury, défendre ses positions. C’est très aléatoire, mais le feeling avec le jury compte tout de même, même s’il ne reflète pas toujours la qualité de l’oral.
Il faut aussi garder en tête que les questions posées par le jury à la fin de l’oral sont souvent des perches tendues. C’est LE moment où l’on peut rectifier les erreurs que l’on a faites, essayer de gratter des points. En sciences humaines, mon ouverture était vraiment très nulle (elle portait sur la biographie du Prince Harry, faute d’idée). Néanmoins, à travers leurs questions, j’ai pu clarifier mon propos et avancer quelque chose de plus intéressant. Il faut vraiment essayer de répondre, de donner des pistes d’analyse, de tester des hypothèses, même si on n’est pas sûr (« on peut mettre cela en lien avec… »).
Par ailleurs, les sujets peuvent être très déstabilisants. En espagnol (car on passe une deuxième langue à l’oral en spécialité Langues Vivantes), je suis tombé sur un article qui traitait de la condition des personnes transgenres au Pérou, et je n’avais pas grand-chose à dire dessus. Il faut quand même tenter de rester calme et de se rattacher à ce que l’on sait. Au final, j’ai eu une note vraiment satisfaisante.
Enfin, je dirais de ne pas stresser pour le public (puisque les oraux sont ouverts à tous, et qu’il n’est pas rare d’avoir cinq ou six spectateurs qui assistent à l’oral). Quand on en parle, on en fait tout un truc, alors que le public est derrière nous (on ne le voit pas) et que, la plupart du temps, ce sont des étudiants d’hypokhâgne. Ils ne sont vraiment pas là pour nous juger.
Avec le recul, quelles autres recommandations donnerais-tu à un étudiant qui se retrouverait dans la même situation que toi ?
Dans l’idéal, il faut prendre en compte les coefficients et connaître ses points faibles et ses points forts. Avoir cela en tête permet de se servir de la période qui précède les oraux pour consolider ses acquis et minimiser les dégâts là où ça peut mal tourner. Il est peu probable de gagner 10 points à l’oral dans une matière où l’on est plutôt moyen, surtout en l’espace de deux semaines.
Ce qui m’a aussi aidé, à l’oral comme à l’écrit, c’était d’avoir un rythme de travail. Il faut instaurer une routine efficace et tenable, tout en se ménageant de réels moments de pause : je ne travaillais pas le week-end pendant la préparation des oraux, et je ne me surmenais pas pendant la journée. La solidarité entre admissibles était aussi essentielle, c’était vraiment un travail de groupe : on faisait circuler l’ensemble de nos fiches, et le soutien moral aidait beaucoup à tenir le coup.