Major Prépa > Ressource > Podcast > Ordos la ville fantôme, une folie chinoise

Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous retrouver dans cet épisode de l’Accroche, la mini-série de podcast de Major-Prépa qui décrypte des curiosités historiques, géographiques ou littéraires pour te donner de supers accroches à intégrer dans tes copies d’ESH, d’HGG et de CG. Pour commencer la série, je te propose une plongée dans les affres de la folie des grandeurs de la Chine à la découverte de la ville fantôme d’Ordos !
Une mégapole inhabitée en pleine Mongolie intérieure
As-tu déjà entendu parler des villes-fantôme chinoises ? Perdue au milieu des steppes de la Mongolie intérieure, Ordos fait partie des ces projets démesurés du régime chinois comme il en existe des centaines : des milliards de tonnes de béton, de stuc et de faux espoirs, dont les fondations sont à chercher profondément : au niveau des mines de charbon qui enrichissaient la ville. Mais aujourd’hui, la manne est asséchée, et les seules habitantes semblent être les hôtesses de vente des promoteurs immobiliers de luxe qui ne vendent plus rien.
L’or noir, carburant d’une opulence qui s’est tarie
Il y a à peine plus de 10 ans, en 2010, tout à Ordos respirait l’opulence, des Ranges Rovers aux hôtels de luxe. Les bâtiments poussaient à vue d’œil et les maquettes de lotissements de luxe colonisaient les tables des bureaux d’architectes. D’où provenaient ces milliards ? Il suffit de faire quelques kilomètres en voiture pour le comprendre : les mines de charbon, l’or noir chinois, s’étendent à perte de vue. La production de charbon a été multipliée par 40 entre 2002 et 2010, le cours presque multiplié par 2. Si la consommation de charbon chinoise dégringole jusqu’en 2008, Ordos continue à prospérer, la bulle immobilière continue à grossir, le PIB est multiplié par 10 en huit ans, les autorités s’engagent dans de folles dépenses pour faire d’Ordos une mégapole.
Mais après la baisse drastique de la production de charbon de la région, la division de son cours par trois et l’éclatement de la bulle immobilière, que reste-t-il des rêves et des espoirs de ceux qui voyaient en Ordos un eldorado ? Ses 600 000 habitants sont bien incapables d’insuffler un semblant d’âme aux infrastructures démesurées.
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Un symbole des travers du régime chinois
Ordos est un symbole silencieux et sinistre des travers du régime chinois : corruption, mauvaise gestion, goût immodéré pour la grandeur et collusion malsaine entre milieux politiques et milieux d’affaires.
Si les autorités ont continué à vendre des terrains aux promoteurs immobiliers avides de profiter de la manne financière que représentait alors Ordos, c’était pour financer en parallèle les infrastructures colossales, véritable gouffre financier, que les impôts collectés en grande partie par l’état central ne pouvaient financer ; la corruption des élites politiques a également contribué à cet emballement immobilier.
Des milliards d’épargne volatilisés et une ville sous perfusion
Le régime chinois ayant pris des mesures dantesques pour pénaliser l’épargne et favoriser l’investissement, de nombreux particuliers ont investi toutes leurs économies dans l’immobilier, à travers des sociétés de shadow banking dont on estime qu’elles auraient financé 80% des blocs de béton d’Ordos. Des investissements vite volatilisés lors de l’explosion de la bulle immobilière. Aujourd’hui, la ville déserte peine à faire face à ses créances et à ses dépenses courantes, et les autorités en sont réduites à emprunter aux entreprises de la région pour joindre les deux bouts.
Les grues immobiles et les carcasses d’immeubles qui ne seront jamais habités semblent se dresser comme des monuments à la gloire de la capacité chinoise à jeter des milliards par les fenêtres.
Cette anecdote peut t’être utile pour introduire ou développer de nombreux sujets sur la Chine, voire sur les bulles immobilières et financières, les infrastructures et bien d’autres ! Quant à nous, on se retrouve très bientôt dans le prochain épisode !
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