La contraction de texte est une épreuve piégeuses pour de nombreux étudiants. Elle est relativement courte, car elle ne dure que trois heures, et nécessite d’être excessivement rigoureux. L’important est de bien compter les mots pour ne pas dépasser la fourchette indiquée !
Le sujet de la contraction de texte HEC 2020 est disponible ici !
Le sujet de contraction de cette année était extrait de La littérature, pour quoi faire ?, faisant parti de la Leçon inaugurale au collège de France d’Antoine Compagnon.
Cet auteur fait partie des petits chouchous des profs de prépa ; un candidat bien entraîné l’a surement déjà croisé au cours de ses années de préparationnaires. Le sujet de cette année n’était pas forcément difficile, contrairement à la synthèse BCE 2020.
Quelques mots sur l’auteur et le texte
Antoine Compagnon est un grand nom du monde de la littérature française ; écrivain et critique littéraire, professeur au Collège de France, il est notamment connu pour ses travaux sur Marcel Proust.
Il a écrit de nombreux ouvrages sur la littérature et sur le rôle de celle-ci. Son texte « La littérature, pour quoi faire ? » s’interroge notamment sur la portée politique et morale de la littérature dans nos sociétés.
Les difficultés du sujet
Ce sujet était très abordable pour les candidats. Le vocabulaire employé était simple et l’écriture limpide, empêchant tout problème de compréhension. La structure du texte était également très claire, entraînant un découpage du texte facile à définir.
Les difficultés étaient donc au nombre de deux :
La longueur du sujet : sans que cela ne soit véritablement choquant, le sujet paraissait un peu plus long que d’habitude. Cela a pu pénaliser les candidats lisant le plus lentement, et rendait le travail de synthèse plus important qu’à l’ordinaire. L’épreuve de contraction est une épreuve (très, voire trop) courte, et la gestion du temps est primordiale pour la réussir.
Le grand nombre d’auteurs/d’œuvres cités : de Platon à Sartre en passant par Sainte-Beuve, tout le panthéon littéraire et philosophique s’est invité dans le texte. Or, les occurrences trop nombreuses de noms d’auteurs dans le texte sont toujours un épineux problème en contraction. S’il ne faut pas verser dans l’anecdotique ou dans l’effet « catalogue » en superposant les références littéraires, il faut réussir à sélectionner les auteurs principaux qui guident la réflexion de l’auteur du texte. Le dosage cette année était particulièrement difficile à faire.
La première partie du texte
Ce sujet faisait une trentaine de paragraphes, ce qui reste classique dans un sujet de contraction. Il faut réussir à les réunir en trois à cinq paragraphes finaux, qui correspondent aux grandes idées du texte. Il est également important de faire ressortir la structure du texte, et ce de façon plus explicite que dans le texte de base. En effet, en 4000 mots environ, l’auteur a tout le loisir de vous exposer sa réflexion de façon claire et progressive. Vous, qui ne disposez que de 400 mots, devez essayer de rendre cette réflexion de façon synthétique.
La première partie du texte s’étendait du premier paragraphe au paragraphe 6. Elle recontextualisait le débat existant entre la littérature et la science « dure » : qui des deux était la plus à même d’expliquer la vie humaine ? Dans cette partie, il fallait mettre en valeur l’évolution de ce débat au cours du temps, ainsi que la tentative de certains mouvements littéraires de reproduire les techniques des sciences expérimentales pour être reconsidérés. On pouvait, si on avait assez de mots, montrer notamment que la rupture entre la science et la littérature avait été consommée au XIXème siècle.
La seconde partie du texte
Le débat de la première partie ne sert qu’à introduire le réel propos de Compagnon, à savoir, le rôle de la littérature, qui faisait l’objet d’une seconde partie. Le paragraphe huit est crucial pour comprendre le raisonnement suivi par Compagnon ; il dit en effet que la réflexion sur l’utilité de la littérature et son rôle ne s’est engagée que quand cette-dernière a été déconsidérée et perçue comme inférieure à la science. Il cherche aussi à montrer que le débat concernant la capacité (ou non) de la littérature à expliquer la vie des hommes est stérile, et que le rôle de cette dernière est ailleurs.
Le premier rôle de la littérature est d’instruire en plaisant (l’expression est tirée du texte et devait donc être reformulée !). Par sa forme agréable, la littérature fait passer aux hommes des leçons morales. Compagnon explique d’ailleurs pourquoi la littérature atteint mieux ce but qu’une simple leçon ; la littérature, par ses personnages, permet d’incarner les enseignements qu’elle veut donner, et rend donc les leçons à tirer plus tangibles pour les hommes. La moralité n’est plus un concept abstrait, hors sol, mais elle prend forme dans des protagonistes et des récits.
Du paragraphe 14 au paragraphe 20, Compagnon évoquait la deuxième mission de la littérature : aider les hommes à s’émanciper des oppressions politiques en réunifiant l’expérience. Ces paragraphes étaient plus complexes à comprendre, car Compagnon y développe une pensée très dense. Il ne fallait pas survoler la difficulté de la restitution en les négligeant, et au contraire s’y attarder pour en comprendre la finesse. La littérature permet de combattre les idées reçues et le dogmatisme en s’ouvrant à une pluralité de points de vue et d’expériences. Expliquer le paradoxe du paragraphe 16 en une phrase ou deux était très important pour comprendre la pensée de l’auteur.
Le paragraphe 17, peut-être le plus technique du sujet, était cependant crucial. Rédimer signifie racheter, sauver, et appartient au vocabulaire religieux. Il fallait bien montrer que la littérature romantique avait cherché à réunir les communautés au-delà de tout intérêt. Le texte montrait ensuite que cette tentative avait parfois était vaine, et que la littérature pouvait devenir un pharmakon, à la fois poison et remède (dédicace aux khubes qui reconnaitront le mythe de Theuth).
Le troisième rôle de la littérature s’étendait des paragraphes 20 à 27 : la littérature permettrait de pallier les défauts du langage (écrivez bien pallier quelque chose et non pas à quelque chose, ça énerve votre correcteur). On pouvait (ou devait ?) citer Bergson ici, tant sa thèse est centrale pour comprendre celle de Compagnon. La littérature, parce qu’elle joue avec le langage, l’interroge et le restructure, et dévoile ce que les mots seuls ne peuvent pas dire. On pourra remarquer de façon tout à fait anecdotique et inutile pour le sujet que Compagnon ne peut s’empêcher de citer Proust, et que, comme tout bon critique littéraire, il préfère dire « La Recherche » plutôt que « À la recherche du temps perdu ».
Il fallait retranscrire de façon consciencieuse pourquoi la littérature était comparée à un « antidote à la philosophie », même si cela n’était pas aisé. Les cubes étaient avantagés parce qu’ils connaissaient la thèse de Proust sur la mémoire, qui n’était que brièvement résumée dans le texte. La littérature, car elle est moins soumise à une exigence de rationalité, permet de retranscrire des moments plus authentiques.
La troisième partie du texte
Elle était relativement difficile à comprendre si l’on n’était pas familier avec les auteurs évoqués par Compagnon.
Compagnon explique d’abord pourquoi la littérature a pu, notamment au XXème siècle, se dessaisir de ses missions sociales et politiques pour ne redevenir qu’un simple art pour et par lui-même. Ayant été utilisée à mauvais escient, la littérature a été considérée par certains auteurs comme quelque chose devant s’émanciper de toute vocation politique. La dernière phrase, citant Primo Levi, nuancait la futilité de celle-ci.
La structure du résumé
Deux choix étaient offerts aux candidats pour bâtir leur contraction : découper leur résumé en trois parties (une sur le débat entre littérature et science, une sur les missions de la littérature et une sur le retour à une littérature sans vocation), ou en cinq parties (la même structure qu’en trois, mais en faisant un paragraphe par mission). Le tout était de donner un rendu harmonieux !
Les erreurs à ne pas faire
Le style et l’orthographe sont particulièrement importants en contraction. Compter ses mots et placer les barres de séparation tous les 50 mots est également obligatoire.
Il faut écrire en se mettant à la place de l’auteur : on ne pouvait pas écrire « Compagnon pense que … ».
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