En juin 2022, quatre mois avant le début des élections présidentielles au Brésil, des milliers de personnes se sont rassemblées lors de la Gay Pride à Sao Paulo. Cette marche a donné lieu à des slogans anti-Bolsonaro. Depuis son arrivée au pouvoir, Jair Bolsonaro a multiplié les dérapages contre la communauté LGBT. À l’image du Brésil, la communauté LGBT est toujours confrontée à des discriminations et des violences en Amérique latine.
Les droits de la communauté LGBT progressent timidement
Grâce à l’engagement d’associations et à l’appui de politiciens progressistes, plusieurs pays d’Amérique latine ont déjà mis en place des mesures pour garantir les droits de la communauté LGBT. Huit pays autorisent le mariage homosexuel (Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Équateur, vingt-six États du Mexique et Uruguay). Parmi ces pays, seuls le Costa Rica et l’Équateur n’autorisent pas l’adoption homoparentale.
D’autre part, choisir son genre est devenu un droit en Argentine et en Uruguay. Enfin, des pays latino-américains ont joué un rôle important à l’échelle internationale. En 2003, le Brésil a proposé la première déclaration sur la dépénalisation universelle de l’homosexualité au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. En 2014, le Chili, la Colombie et l’Uruguay font adopter un texte à l’ONU sur la protection des personnes LGBT contre les violences et les discriminations.
Des violences et des discriminations anti-LGBT persistent néanmoins
Malgré ces avancées, la communauté LGBT continue d’être victime de discriminations et de violences. Par exemple, le Nicaragua, le Honduras et le Paraguay interdisent aux homosexuels de faire leur service militaire. Ces discriminations atteignent leur paroxysme en Bolivie et au Venezuela, où les homosexuels n’ont pas le droit de donner leur sang.
Outre ces discriminations, des crimes horribles surviennent fréquemment contre la communauté. Au Brésil, en 2021, le meurtre atroce de Lindolfo Kosmalski, militant de la cause LGBT, avait choqué l’opinion publique. Ce meurtre n’est pas un cas isolé. Le Brésil est le pays qui déplore le plus d’assassinats de personnes en raison de leur orientation sexuelle. Les transsexuels sont aussi confrontés à la recrudescence de la violence, le Brésil étant le premier pays au monde pour les meurtres de trans (un homicide tous les trois jours).
Les dernières élections en Amérique latine : un tournant pour la communauté LGBT ?
Les résultats des élections pour les personnes LGBT sont contrastés. En voici quelques exemples.
Chili : l’élection de Gabriel Boric, le tournant vers le progressisme
L’élection de Gabriel Boric est sans aucun doute la plus prometteuse pour les minorités sexuelles. Pendant le second tour, son opposant d’extrême droite, José Antonio Kast, critiquait le Pacte d’union civile pour les homosexuels approuvé en 2015 et s’opposait au mariage homosexuel. Face à cet ultraconservatisme, Gabriel Boric incarnait le tournant vers le progressisme (el giro al progresismo) à travers la légalisation du mariage pour tous. Depuis le 10 mars 2022, le mariage homosexuel est légal au Chili.
Honduras : les promesses de Xiomara Castro
Au Honduras, les discriminations et les mauvais traitements contre des LGBT ne sont pas condamnés. Investie en janvier 2022, Xiomara Castro, première femme Présidente du Honduras, a promis des avancées, notamment à travers la légalisation du mariage pour tous. Cependant, le pouvoir de X. Castro est limité, son parti ne détenant pas la majorité à l’assemblée.
Pérou : Pedro Castillo, un prochain quinquennat conservateur
L’élection au Pérou a opposé le candidat victorieux d’extrême gauche, Pedro Castillo, à la candidate d’extrême droite, Keiko Fujimori. Cependant, ces deux candidats ont une vision très conservatrice et rejettent de potentiels droits aux membres LGBT. Dans un pays où le dogmatisme persiste, une avancée des droits est peu probable.
Quelques mots de vocabulaire
- Le mariage pour tous : el matrimonio homosexual
- Identité de genre : identidad de género
- Gay Pride ou Marche des fiertés : marcha del orgullo
- Le progressisme : el progresismo
- Le conservatisme : el conservadurismo
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